Par Richard Black correspondant sur l'environnement
de la BBC
Les températures dans le monde pourraient augmenter
de 11°C, d'après un des plus grands projets
de prédiction jamais mené.
Ce chiffre est le double de ce que les précédentes
études ont suggéré.
Les scientifiques s'occupant du projet, appelé
climateprediction.net (site,
en anglais), disent que cela démontre qu'une
limite supérieure "raisonnable" pour
le dioxyde de carbone est impossible à définir.
Les résultats de l'étude, qui a utilisé
des PC à travers le monde pour produire les données,
ont été publié dans le journal
Nature.
Climateprediction.net est dirigé par l'Université
d'Oxford et est un projet informatique partagé:
plutôt que d'utiliser un super-ordinateur pour
calculer des modèles de climat, les gens peuvent
télécharger un logiciel sur leur propre
PC qui fait tourner ce programme quand il n'est pas
utilisé.
Plus de 95000 personnes se sont enregistrées,
dans plus de 150 pays; leurs PC ont calculé plus
de 60000 simulations sur le futur du climat.
Chaque PC calcule une simulation légèrement
différente examinant l'action sur le climat global
si des niveaux de dioxyde de carbone dans l'atmosphère
doublent par rapport aux niveaux pré-industriels
- ce qui pourrait arriver au milieu du siècle.
Les facteurs qui varient le plus entre les simulations
sont la nature précise des processus physiques,
telle que la convection dans les nuages tropicaux -
un processus qui dirige le déplacement de la
chaleur autour du monde.
La plus faible augmentation
Donc deux simulations ne produiront pas exactement les
mêmes résultats. Globalement, le projet
fournit une image de la gamme possible de résultats
basée sur les connaissances scientifiques actuelles.
La plus faible augmentation trouvée par climateprediction.net
est de 2°C, s'étendant jusqu'à 11°C.
L'échelle de temps dépendrait du moment
où le doublement de CO2 se produit, mais les
fortes augmentations seraient sur une échelle
d'un siècle au moins à partir d'aujourd'hui.
"Je pense que ces résultats suggèrent
que notre besoin de faire quelque chose à propos
du réchauffement global est peut être encore
plus urgent" a déclaré à BBC
News le responsable scientifique de climateprediction.net,
David Stainforth.
"Cependant, dans l'état actuel de nos connaissances,
nous ne pouvons toujours pas définir un niveau
sur dans l'atmosphère".
Lundi, le Groupe de Travail International sur le climat,
co-dirigé par le Membre du Parlement britannique
Stephen Byers a affirmé que cela montrait qu'une
concentration de dioxyde de carbone supérieure
à 400ppm (parties par million) serait "dangereuse".
La concentration actuelle est d'environ 378ppm, augmentant
de 2ppm par an.
Dangereux avertissement
La semaine prochaine, le Bureau Météorologique
britannique accueille une conférence internationale,
Stabilisation 2005, annoncée par Tony Blair à
la fin de l'année dernière.
Son but est de discuter quelle est la signification
réelle du terme "dangereux" réchauffement
global, et de chercher des moyens de stabiliser les
niveaux de gaz à effet de serre.
Myles Allen, le principal enquêteur de climateprediction.net,
a dit que la focalisation sur la stabilisation pourrait
ne pas être appropriée.
"La stabilisation comme cible exclusive pourrait
ne pas être adéquate" a-t-il déclaré.
"Stephen Byers prétend savoir que 400ppm
est le niveau maximum "sur"; ce que nous montrons
est qu'il pourrait être impossible d'identifier
un niveau sur, donc nous ne devrions pas nous concentrer
exclusivement sur la stabilisation".
Le calcul partagé a été utilisé
précédemment, notamment pour la Recherche
sur l'Intelligence Extra-terrestre (SETI), où
plusieurs millions de personnes ont téléchargé
un logiciel leur permettant d'analyser des données
d'observations d'étoiles éloignées
pour des signes de vie.
Les scientifiques derrière climateprediction.net
croient que leur projet, parce qu'il est partagé
par des PC individuels, peut aider à informer
les gens sur le changement de climat - et ceci pourrait
ensuite amener des changements politiques.
"Il est très difficile d'obtenir la collaboration
des politiciens, pas seulement à travers la planète,
mais aussi sur de longues périodes" a dit
à la BBC Bob Spicer du Département des
Sciences de la Terre de l'Université Open.
"Seul le public peut demander des comptes aux politiciens;
avec ce projet nous apportons le meilleur de la science
à ceux qui le peuvent, le public". |