| Contrôle du climatSi nous traitions le réchauffement global comme 
                          un problème technique plutôt qu'un outrage 
                          moral, nous pourrions refroidir le monde
 Par Gregory Benford, professeur de physique à 
                          l'Université de Californie d'Irvine et auteur 
                          de "Timescape", novembre 1997
 Bien que nous y arrivions de mieux en mieux, prédire 
                          le temps est toujours remarquablement difficile. Il 
                          est bien plus facile de prédire le climat politique, 
                          spécialement quand il s'agit du réchauffement 
                          global. À savoir, en décembre des négociateurs 
                          des quatre coins du monde se rencontreront à 
                          Kyoto pour concevoir un traité international 
                          pour s'occuper de ce que la plupart des scientifiques 
                          (mais pas tous) croient: une augmentation des températures 
                          de 0.5°C durant le siècle dernier, et la 
                          promesse qu'il y en a encore à venir. Tous les principaux participants, incluant les représentants 
                          des États-Unis, soutiendront que la seule façon 
                          d'aborder le réchauffement global est de réduire 
                          significativement les niveaux de dioxyde de carbone 
                          et des autres gaz à effet de serre qui sont liés 
                          de manière plausible (bien que pas irrévocablement) 
                          à l'augmentation des températures. Bien 
                          qu'un groupe de nations constitué de petites 
                          îles suggérera une réduction de 
                          20% des gaz à effet de serre, les membres de 
                          l'Union Européenne présenteront plus que 
                          probablement un plan pour diminuer les émissions 
                          de dioxyde de carbone, méthane et oxyde nitreux 
                          d'au moins 15% pendant la prochaine décennie. L'administration Clinton pourrait faire objection à 
                          ces buts spécifiques, mais elle soutiendra avec 
                          enthousiasme le consensus que la seule façon 
                          de contrer le réchauffement global est de réduire 
                          les émissions. En fait, le président a 
                          annoncé en août que "nous devons pour 
                          nos enfants" signer un traité pour réduire 
                          la consommation de gaz à effet de serre, une 
                          position reprise par le ministre de l'intérieur 
                          Bruce Babbitt, qui a appelé les contestataires 
                          "anti-américains", et la conseillère 
                          économique Janet Yellen, qui a qualifié 
                          de "futiles" les analyses coût-bénéfice 
                          de la réduction des gaz à effet de serre. De telles réflexions correspondent parfaitement 
                          avec la position universelle des environnementalistes, 
                          qui est mieux comprise comme une éthique carrément 
                          puritaine: "abstiens toi, pécheur!". 
                          "La seule façon de ralentir le changement 
                          de climat est d'utiliser moins de combustible" 
                          affirme Bill McKibben dans "la Fin de la Nature", 
                          un livre qui condamne sans ambages de tels luxes tels 
                          que la possession personnelle d'une machine à 
                          laver et le transport d'oranges vers des pays froids. 
                          Et si une réduction de 15% des gaz à effet 
                          de serre semble extrême, considérez que 
                          plusieurs écologistes soutiennent des mesures 
                          de conservation beaucoup plus coûteuses comme 
                          seule solution. Le livre de Ross Gelbspan "Le chauffage 
                          est allumé" préconise même 
                          une prise de contrôle par le gouvernement du secteur 
                          de l'énergie et une campagne massive de propagande. 
                          Suite à la conférence de Kyoto, attendez 
                          vous à voir des demandes pour un tsar des gaz 
                          à effet de serre comme le réchauffement 
                          global est porté largement et de façon 
                          persistante à l'attention du public. Une telle façon de se lamenter est aussi peu 
                          imaginative que non équivoque. Au lieu de réductions 
                          draconiennes des émissions de gaz à effet 
                          de serre, il pourrait très bien y avoir des moyens 
                          pratiquement plus simples - même plus faciles 
                          - pour régler ce dilemme. Mais les discussions 
                          sur le réchauffement global ne montrent jamais 
                          cela clairement; elles semblent conçues pour 
                          exclure toute idée que nous ne pourrions remédier 
                          à la situation qu'au moyen de grands sacrifices, 
                          d'inconfort et d'argent. En fait, elles semblent supposer 
                          une relation directe entre le niveau de sacrifice, d'inconfort 
                          et d'argent exigé par n'importe quelle solution 
                          proposée et son efficacité scientifique. 
                          Des solutions basées sur la suppression de l'utilisation 
                          des combustibles seront chèrement payées, 
                          à la fois en terme de dollars et de niveau de 
                          vie. Les économistes ont des avis différents 
                          sur le prix, une analyse approximative donnant une estimation 
                          d'environ 250 milliards de $ par an pour réduire 
                          seulement les émissions de dioxyde de carbone 
                          de 15% au niveau mondial (un facteur 2 est facilement 
                          discutable). À ce prix nous devons ajouter le 
                          coût de la réduction des autres gaz à 
                          effet de serre, un coût ressenti non seulement 
                          par nos portefeuilles mais aussi dans les biens, services 
                          et innovations dont la production serait arrêtée 
                          ou abandonnée. Mais, pour un certain nombre de raisons que je vais 
                          élaborer ci-dessous, maintenant est précisément 
                          le moment pour considérer sérieusement 
                          le concept de la "géoingénierie", 
                          de l'altération consciente de la chimie et des 
                          conditions atmosphériques, de l'atténuation 
                          des effets des gaz à effet de serre plutôt 
                          que de simplement demander leur réduction ou 
                          leur totale prohibition. Il y a 40 ans, le célèbre scientifique 
                          de l'atmosphère Roger Revelle a déclaré 
                          que "l'humanité est en train de réaliser 
                          une expérience géophysique à grande 
                          échelle" en pompant des milliards de tonnes 
                          de dioxyde de carbone dans l'air. La question qui nous 
                          attend ne devrait pas être simplement comment 
                          arrêter au mieux l'expérience - et par 
                          extension la prospérité et le progrès 
                          permis par une énergie abondante et bon marché. La question devrait plutôt être comment 
                          concevoir cette expérience, afin que nous maximisions 
                          les bénéfices et minimisions les coûts. 
                          Comme les habitants des nations développées 
                          deviennent convaincus que le réchauffement global 
                          est une menace immédiate méritant une 
                          réponse, ils demanderont légitimement 
                          des solutions qui exigent le moins de sacrifices. Politiques et parasols Un rapport peu remarqué de l'Académie 
                          Nationale des Sciences de 1992 parlait directement de 
                          ce problème. Le rapport expliquait la science 
                          motivée par le réchauffement global puis 
                          s'aventurait loin de l'orthodoxie environnementale dominante: 
                          pouvons nous accepter que les gaz à effet de 
                          serre augmentent et trouver des moyens de les compenser? 
                          Au lieu de réduire les gaz, pouvons nous intervenir 
                          pour réduire ou compenser le réchauffement 
                          qu'ils pourraient causer? La modification du climat est consacrée par 
                          l'usage, bien que pas nettement gagnante. L'ensemencement 
                          de nuages aux États-Unis pendant les années 
                          40 et 50 a rencontré quelque succès mais 
                          s'est terminé dans une tempête de procès 
                          par ceux qui prétendaient que leurs précipitations 
                          locales avaient été détournées 
                          vers les zones voisines (bien que de telles assertions 
                          n'aient eu que peu de preuves scientifiques, les juges 
                          en ont décidé autrement). Pendant la guerre 
                          froide, les deux côtés ont étudié 
                          un menu de sales tours climatiques, y compris des plans 
                          pour détruire les récoltes de l'adversaire. Ces programmes s'embourbaient sur une raison fondamentale: 
                          avant de modifier un climat, on doit d'abord le comprendre. 
                          Au niveau de connaissance des années 60, seulement 
                          des actions spectaculaires auraient laissé une 
                          signature discernable. La variabilité du climat 
                          était si peu comprise que les prédictions 
                          étaient vaines au delà d'environ une semaine. Mais, dans des progrès peu remarqués 
                          par le public, la durée assurée des prédictions 
                          météorologiques rationnelles avait été 
                          multipliée par plus de 10. En observant le soleil, 
                          l'atmosphère, les océans, les terres et 
                          les nuages, en utilisant des satellites, des avions 
                          sophistiqués, des bateaux et un réseau 
                          dense d'observations terrestres, nous avons diminué 
                          les incertitudes sur le climat à longue échéance. 
                          Nous continuons à parler simplement du temps, 
                          mais les discussions sont de meilleure qualité. 
                          Au début de cette année par exemple, l'Agence 
                          Nationale Océanique et Atmosphérique a 
                          prédit un hiver à venir humide six mois 
                          à l'avance, basé sur des mesures de températures 
                          des eaux tropicales, présageant un nouveau courant 
                          océanique El Nino. Que ces prédictions 
                          soient justes ou fausses - les mois à venir en 
                          décideront - nous entrons dans une nouvelle ère 
                          de prévisions. Avec les derniers systèmes, 
                          soutenus par des modèles informatiques complexes, 
                          nous réduirons les incertitudes, identifieront 
                          les boucles de réaction subtiles, dénicheront 
                          les tendances de pollution régionales, discernerons 
                          l'avancée des déserts et la disparition 
                          des forêts. Des mesures globales délicates des perturbations 
                          apporteront plus de renseignements sur les contractions 
                          glaciaires et polaires, les niveaux d'ozone, les poussières 
                          volcaniques et le niveau des océans. Il y a même 
                          une technique disponible pour évaluer à 
                          peu de frais la réflectivité globale en 
                          mesurant la "brillance" de la terre - la faible 
                          lueur de notre lumière réfléchit, 
                          vue sur la portion sombre d'un croissant de lune. En 
                          utilisant un petit télescope et un matériel 
                          improvisé, des astronomes ont facilement montré 
                          que nous réfléchissons 30% de la lumière 
                          solaire dans l'espace - un nombre qu'un système 
                          de satellites avait déjà trouvé, 
                          pour un coût de centaines de millions de dollars. 
                          De telles innovations diminueront les coûts et 
                          la confusion pour la compréhension globale, une 
                          aide dont nous aurons vraiment besoin si et quand les 
                          prédictions de l'effet de serre s'aggravent. Géoingénierie Le déploiement de certains systèmes de 
                          géoingénierie semble possible actuellement, 
                          et pour un prix raisonnable. Ils pourraient être 
                          mis en marche ou arrêtés si nous obtenons 
                          des effets inattendus. Il serait relativement facile 
                          de mener des expérimentations à petite 
                          échelle pour répondre aux questions sur 
                          comment notre atmosphère se comporte quand on 
                          y altère le genre de poussières ou d'aérosols. 
                          Une connaissance nuancée est cruciale; la biosphère 
                          est un système fortement non linéaire 
                          qui a fait l'expérience d'écarts climatiques 
                          auparavant (glaciation, sécheresse) et peut aussi 
                          passer en mode instable. En fait, certains critiques prétendent que ce 
                          simple fait exclut le bricolage de "la seule terre 
                          que nous ayons". Le climat de la terre pourrait 
                          présenter une instabilité chaotique, un 
                          état avec des conditions de départ seulement 
                          légèrement différentes évoluerait 
                          pour finir en un état nettement différent: 
                          une période de gelées créée 
                          artificiellement au début de cette année 
                          pourrait signifier un âge glaciaire l'année 
                          suivante. Mais nous savons aussi que la terre subit 
                          des injections de poussières et d'aérosols 
                          par les volcans, entraînant des changements climatiques. 
                          Des expériences qui affectent la planète 
                          dans la gamme de variabilité naturelle pourraient 
                          être permises sans ou avec peu de risques. Le seul moyen de supprimer du dioxyde de carbone, le 
                          principal gaz à effet de serre, est de faire 
                          pousser des plantes - de préférence des 
                          arbres, parce qu'ils bloquent plus de gaz dans la cellulose, 
                          ce qui signifie qu'il ne retournera pas dans l'air pendant 
                          une saison ou deux. Les plantes se développent 
                          elles mêmes à partir d'air et d'eau, prenant 
                          seulement une minuscule fraction de leur masse du sol. 
                          Les forêts, qui couvrent environ un tiers des 
                          terres, ont été réduites d'un tiers 
                          au cours des derniers 10000 ans (bien qu'elles aient 
                          augmenté aux États-Unis ces 50 dernières 
                          années, principalement à cause des forces 
                          de marché). Comme les océans, les plantes sur terre contiennent 
                          environ trois fois plus de carbone que l'atmosphère. 
                          Alors qu'il faut aux océans plusieurs siècles 
                          pour échanger cette masse avec l'air, il faut 
                          seulement quelques années pour la flore. Alors 
                          que les sociétés tropicales déboisent 
                          la forêt, les nations tempérées 
                          ont en fait fait pousser plus d'arbres, compensant légèrement 
                          cet effet. Aux États-Unis, nous avons perdu environ 
                          un quart de notre forêt depuis Christophe Colomb, 
                          et la reforestation se produit principalement dans le 
                          sud, où les pins représentent une manne 
                          pour l'industrie du papier. Mais globalement, nous détruisons 
                          4000 m2 de forêt chaque seconde. Maintenir seulement 
                          l'équilibre avec ces pertes exige un programme 
                          considérable de plantation. Les arbres absorbent le carbone plus rapidement quand 
                          ils sont jeunes. Planter des espèces à 
                          croissance rapide donnerait un effet massif rapidement, 
                          mais que se passe-t-il quand ils atteignent leur taille 
                          adulte? Finalement, soit ils meurent ou pourrissent 
                          sur place, rendant les nutriments à la terre, 
                          soit nous les brûlons. Si cette combustion remplace 
                          celle du pétrole et du charbon, tout va bien. 
                          Même couper tous les arbres laisse une partie 
                          du carbone stocké plus longtemps dans les racines 
                          et le bois. Les bâtiments peuvent maintenir le 
                          bois en dehors de ce cycle pendant environ un siècle. Environ la moitié des émissions de carbone 
                          des États-Unis pourrait être capturée 
                          si nos cultivions des arbres sur des terres et des pâturages 
                          économiquement marginaux. Plus de forêt 
                          pourrait améliorer la biodiversité, la 
                          vie sauvage et la qualité de l'eau (les forêts 
                          sont des filtres naturels), permettrait de meilleurs 
                          loisirs et nous donneraient plus de produits naturels 
                          en bois. Encore mieux, on peut s'occuper de la partie 
                          la moins coûteuse en premier, avec des terres 
                          que personne n'utilise actuellement. Ceci coûterait 
                          environ 5 milliards de $ par an, et une campagne de 
                          bien-être se vendrait facilement, les commerçants 
                          pouvant proclamer les éco-vertus ("achetez 
                          une voiture, plantez un bosquet d'arbres"). Ceci fonctionnerait raisonnablement bien à court 
                          terme. Mais les arbres absorbent de l'eau et on doit 
                          faire attention à ne pas épuiser le sol, 
                          c'est donc une solution valable pendant environ 40 ans. 
                          Capturer l'augmentation mondiale actuelle du dioxyde 
                          de carbone uniquement grâce à des arbres 
                          nécessiterait une surface de la taille de l'Australie 
                          - c'est à dire d'un continent. La plupart de 
                          ces terres sont privées, la tâche ne peut 
                          donc pas être effectuée par décret 
                          gouvernemental. Cependant, un effort régional 
                          pourrait avoir un effet perceptible sur les niveaux 
                          globaux de dioxyde de carbone. La solution Geritol Les océans composent l'autre gros puits de gaz 
                          à effet de serre; certains chercheurs estiment 
                          qu'ils absorbent 40% des émissions des combustibles 
                          fossiles. Dans les eaux côtières plus en 
                          mouvement, le plancton peut essaimer, un million par 
                          goutte d'eau. Il colore la mer en brun et vert là 
                          où les deltas se forment à partir des 
                          grosses rivières, ou où les villes déversent 
                          leurs eaux usées. Minuscule, bien qu'extrêmement 
                          important, le plancton gouverne comment la mer récolte 
                          la générosité du soleil, ainsi 
                          est la fondation de la chaîne alimentaire des 
                          océans. Plus loin des côtes, la mer redevient 
                          bleu par manque de plancton. Les océans sont d'énormes actionneurs 
                          dans les équations environnementales, parce que 
                          le plancton transforme de grandes quantités de 
                          gaz. Bien que les causes et effets ne soient pas tout 
                          à fait clairs, nous savons que pendant les périodes 
                          glaciaires les niveaux de dioxyde de carbone ont chuté 
                          de 30%. Pourrions nous faire ceci aujourd'hui? Diminuer la 
                          quantité de dioxyde de carbone devrait certainement 
                          faire baisser les températures. Mais comment? La réponse pourrait se trouver non pas aux tropiques 
                          mais dans les océans polaires, où d'énormes 
                          réserves d'ingrédients clés pour 
                          la croissance des plantes - nitrates et phosphates - 
                          dérivent, inutilisés. Le problème 
                          n'est pas le faible ensoleillement ou le froid glacial, 
                          mais le manque de fer. Les électrons se déplacent 
                          facilement en sa présence, jouant un rôle 
                          majeur dans le piégeage de la chaleur. Une solution radicale serait d'ensemencer ces océans 
                          avec de la poudre de fer dissoute. C'est peut être 
                          le déclencheur qui a entraîné la 
                          forte chute de dioxyde de carbone pendant les périodes 
                          glaciaires: les continents se sont desséchés, 
                          donc plus de poussière a été envoyée 
                          dans les océans, apportant du fer et stimulant 
                          l'absorption du dioxyde de carbone par le plancton. 
                          Mère Nature peut être subtile. Une telle idée traverse les frontières 
                          capitales entre l'atténuation quasi-naturelle 
                          telle que la plantation d'arbres et les moyens artificiels 
                          évidents. Voilà le coeur du sujet, le 
                          gouffre conceptuel. Avec la vantardise qui pourrait 
                          coûter cher à sa cause, l'inventeur de 
                          l'idée, John Martin des Laboratoires Moss Landing 
                          Marine en Californie a déclaré: "Donnez 
                          moi la moitié d'un navire rempli de fer, et je 
                          vous donnerais une nouvelle période glaciaire". Le carbone capturé est pris dans une "culture 
                          active" de plancton. Ces minuscules créatures 
                          habitent quelques mètres sous la surface. Pour 
                          vraiment enfouir le gaz, elles doivent d'une certaine 
                          façon le transporter dans le grand volume des 
                          océans. Certains biologistes croient qu'à 
                          partir du plancton, le dioxyde de carbone doit se dissoudre 
                          lentement dans les eaux plus profondes, bien que nous 
                          n'en soyons pas certains. Peut être que le dioxyde 
                          de carbone est finalement déposé au fond 
                          de la mer. Personne n'a vérifié ce dernier 
                          processus. D'une certaine façon cependant, une 
                          bonne partie du carbone finit dans les fosses des grands 
                          fonds. Proposée d'abord en 1988, la "solution 
                          Geritol" consistant à ajouter du fer dans 
                          l'océan a une histoire difficile. Beaucoup l'ont 
                          automatiquement ridiculisé comme étant 
                          idiote, arrogante et risquée politiquement. Mais 
                          en 1996 l'idée a finalement été 
                          testée par le gouvernement des États-Unis, 
                          et ça s'est bien passé. Près des 
                          îles Galapagos se trouve une zone assez infertile 
                          biologiquement. Sur 72 Km2 de mer bleue, des scientifiques 
                          ont déversé 410 Kg de fer durant un test 
                          d'une semaine. Les eaux ont immédiatement proliféré 
                          en minuscule phytoplancton, qui a finalement couvert 
                          500 Km2, soudainement devenus verts. La production de 
                          plancton culminât neuf jours après le début 
                          de l'expérience. 410 Kg de poudre de fer ont 
                          stimulé environ 2000 fois leur propre poids en 
                          croissance organique, bien plus que la performance de 
                          n'importe quel engrais sur les terres. Le plancton a 
                          absorbé le dioxyde de carbone, réduisant 
                          sa concentration dans les eaux avoisinantes de 15%. 
                          Il a rapidement comblé cette déficience 
                          en aspirant du dioxyde de carbone de l'air. Les projections montrent que puisque le processus affecterait 
                          seulement environ 16% de la surface des océans, 
                          une campagne massive pour déverser des mégatonnes 
                          de fer dans les océans polaires aspirerait entre 
                          6 et 21% du dioxyde de carbone de l'atmosphère, 
                          les plus récentes estimations donnant environ 
                          10%. De tels bricolages effrayants de grande envergure 
                          sont extrêmes; la méthode devra être 
                          testée à beaucoup plus petite échelle. 
                          Cette atténuation pourrait quand même atténuer 
                          le problème du réchauffement, bien que 
                          ne pas le résoudre entièrement. Même de telles solutions partielles attirent 
                          des opposants fermes. La géoingénierie 
                          porte une forte odeur de prétention démesurée. 
                          Ce qui est le mieux décrit comme éco-vertu 
                          s'est dressée contre immédiatement après 
                          la proposition de 1988, même avant que ne se déroulent 
                          des expérimentations. Suivant le modèle 
                          puritain comme quoi toute déviation de l'abstinence 
                          est un abandon, plusieurs scientifiques et écologistes 
                          ont vu dans le projet de Martin une incitation pour 
                          les pollueurs. "Beaucoup d'entre nous ont une horreur 
                          automatique à cette pensée" a commenté 
                          Ralph Cicerone, expert sur l'atmosphère à 
                          l'Université de Californie d'Irvine. D'autres spécialistes ont réagi. Russell 
                          Seitz d'Harvard a dit que les expérimentateurs 
                          des Galapagos craignaient de paraître politiquement 
                          incorrects. "Si cette approche s'avère être 
                          bénigne pour l'environnement" a dit Seitz, 
                          "ça semblerait être très bon 
                          marché par rapport à un programme réactionnaire 
                          de déclaration de guerre globale contre le feu". De grandes incertitudes subsistent: comment le fer 
                          affecte les écosystèmes à plus 
                          grande profondeur, sur lesquels nous en connaissons 
                          peu? Est ce que le carbone finira réellement 
                          au fond de la mer? Est ce que les océans polaires 
                          transporteront le carbone absorbé assez rapidement 
                          pour ne pas bloquer le processus? Est ce que l'ajout 
                          de plancton stimulerait le nombre de poissons et de 
                          baleines dans l'océan atlantique? Ou est est 
                          ce que quelque effet annexe endommagerait toute la chaîne 
                          alimentaire? Même si l'idée fonctionnait, 
                          qui devrait mener un tel programme? De plus, il y a 
                          quelques preuves que seulement une faible quantité 
                          du carbone fixé dans l'expérience des 
                          Galapagos a vraiment sombré.Il semble qu'il soit retourné à un état 
                          d'équilibre avec l'air. Il y a une controverse 
                          sur ce point essentiel; c'est vraiment ici que des recherches 
                          supplémentaires pourraient nous en dire plus.
 Ceci semble certain (et devrait dissiper beaucoup de 
                          craintes): si nous décidons d'arrêter la 
                          solution Geritol à cause d'effets annexes imprévus, 
                          le contrôle est facile. La culture active mourra 
                          en une semaine, fournissant une correction rapide. Les coûts sont aussi faciles à chiffrer. 
                          Il n'y a rien de très sophistiqué techniquement 
                          dans le déversement de fer. Martin a estimé 
                          que le travail nécessiterait environ un demi 
                          million de tonnes par an. En fonction de quelle sorte 
                          de fer se révèle le meilleur pour aider 
                          le plancton et implémenter la méthode, 
                          la gamme de prix est de 10 millions de $ à 1 
                          milliard de $. Ajouter 15 navires naviguants sur les 
                          océans polaires toute l'année, déversant 
                          du fer en lignes, amène le total à environ 
                          10 milliards de $. Ceci absorberait environ un tiers 
                          des émissions globales de dioxyde de carbone 
                          générées par les combustibles fossiles 
                          chaque année. Réflexion sur la réflectivité Tout les efforts d'atténuation ne doivent pas 
                          nécessairement se passer sur les terres ou les 
                          mers. En fait, l'approche la plus intuitive peut être 
                          de simplement réfléchir plus de lumière 
                          solaire dans l'espace avant qu'elle ne puisse être 
                          émise comme radiation de chaleur puis absorbée 
                          par le dioxyde de carbone. Les gens comprennent déjà 
                          facilement le concept de base: les t-shirts noirs sont 
                          plus chauds en été que les blancs. Nous 
                          savons déjà que simplement peindre les 
                          bâtiments en blanc les rend plus frais. Nous pourrions 
                          compenser l'effet de toutes les émissions de 
                          gaz à effet de serre depuis la révolution 
                          industrielle en réfléchissant moins de 
                          1% de la lumière solaire. Un simple changement de 0.5% de la réflectivité 
                          nette de la terre, ou albédo, résoudrait 
                          le problème des gaz à effet de serre complètement. 
                          Le gros problème est les océans, qui représentent 
                          environ 70% de la surface et absorbent plus de lumière 
                          parce qu'ils sont plus sombres que la terre. Pour l'augmentation de l'albédo, il serait sage 
                          de commencer la discussion en introduisant des mesures 
                          positives qui puissent être facilement comprises 
                          et sont presque à portée de main. Réfléchir 
                          la lumière solaire n'est pas une idée 
                          technique très approfondie après tout. 
                          Ajouter simplement du sable ou du verre à l'asphalte 
                          ordinaire ("glassphalt") double son albédo. 
                          C'est une mesure d'atténuation que tout le monde 
                          pourrait voir - une façon propre, passive, de 
                          faire quelque chose. Une étude de 1997 de l'Université de 
                          Californie de Los Angeles a montré que Los Angeles 
                          est 5° F plus chaud que la zone environnante, principalement 
                          à cause des toits sombres et de l'asphalte. Les 
                          voitures et les usines électriques contribuent, 
                          mais seulement faiblement; à midi, le soleil 
                          délivre à chaque Km2 la puissance équivalente 
                          à une centrale électrique de 400 Megawatts. Cet effet d'"îlots de chaleur" urbains 
                          sont communs. Mais les toits blancs, les dallages en 
                          béton coloré, et environ 10 milliards 
                          de $ d'arbres pour faire de l'ombre pourraient refroidir 
                          la ville à une température inférieure 
                          à celle de la campagne, réduisant les 
                          dépenses d'air conditionné de 18%. Les 
                          routes plus froides diminuent aussi l'usure des pneus. 
                          Environ 1% des États-Unis sont couverts par des 
                          constructions, principalement des dallages, ce qui suggère 
                          que nous pourrions déjà contrôler 
                          suffisamment de terres pour nous attaquer au travail. Avec de telles solutions locales, nous pourrions faire 
                          le saut vers l'espace. La proposition la plus bénigne 
                          au niveau de l'environnement pour augmenter l'albédo 
                          de la planète est très sophistiquée 
                          (et chère): un écran blanc géant 
                          en orbite d'environ 2000 Km de côté. Même 
                          si de tels parasols étaient coupés en 
                          petits morceaux, les placer coûterait environ 
                          120 milliards de $, un peu exorbitant. Nous devrions 
                          aussi payer cher pour les ramener à terre si 
                          ils causaient des effets annexes indésirables 
                          (un de ces effets est certain: un ciel nocturne pollué 
                          par la lumière en permanence, irritant les astronomes 
                          et les romantiques. Utiliser de la poudre plus inoffensive pour réfléchir 
                          la lumière solaire ne fonctionne pas, elle dérive, 
                          poussée par la pression de la lumière 
                          solaire. Mais l'atmosphère supérieure 
                          est quand même un bon endroit pour intervenir, 
                          parce que beaucoup de lumière est absorbée 
                          dans l'atmosphère dans son chemin vers nous. 
                          De plus, des actions situées très haut 
                          au-dessus de nos têtes nous troubleraient moins. D'autres sortes de réflecteurs à haute 
                          altitude sont prometteurs. Répandre de la poudre 
                          dans la stratosphère semble réalisable, 
                          parce qu'à ces hauteurs ces minuscules particules 
                          restent suspendues pendant plusieurs années. 
                          C'est pour cette raison que les volcans crachant de 
                          la poussière affectent fortement le temps. Les 
                          minuscules grains qui rougissent nos couchers de soleil 
                          réfléchissent plus de lumière qu'ils 
                          ne piègent d'infrarouges. Encore mieux que la poudre, les gouttelettes microscopiques 
                          d'acide sulfurique réfléchissent la lumière 
                          plus efficacement. Les aérosols de sulfate peuvent 
                          aussi augmenter le nombre de gouttelettes qui font se 
                          condenser les nuages, augmentant davantage la réflectivité 
                          globale. Ce pourrait donc être un rafraîchissement 
                          local, plus facile à surveiller que le réchauffement 
                          global du dioxyde de carbone. Nous pourrions nous livrer 
                          à de telles petites expériences contrôlables 
                          maintenant. La quantité de gouttelettes ou de 
                          poudre nécessaire est d'un centième de 
                          ce qui est déjà envoyé dans l'atmosphère 
                          par des processus naturels, nous ne aventurerions donc 
                          pas dans un grand bouleversement. Et nous obtiendrions 
                          des couchers de soleil spectaculaires dans l'affaire. Comme d'habitude il y a des inquiétudes au niveau 
                          humain. L'Agence de Protection Environnementale s'attaque 
                          aux particules, les accusant de troubles pulmonaires. 
                          Heureusement, la poudre à haute altitude retomberait 
                          principalement dans les gouttes de pluie, ne nous faisant 
                          pas tousser. La façon la plus économique 
                          d'apporter la poudre dans la stratosphère est 
                          de la tirer en l'air, pas de la répandre à 
                          partir d'avions. Des gros canons maritimes tirant à 
                          la verticale peuvent envoyer un obus d'une tonne à 
                          20 Km de haut, où il exploserait et éparpillerait 
                          la poudre. Ceci coûte seulement 1/100 du prix 
                          du parasol spatial. Mais les détonations des 
                          canons maritimes qui font vibrer les vitres sur des 
                          kilomètres provoqueront probablement plus que 
                          quelques réactions du genre "pas à 
                          côté de chez moi". Heureusement, il y a une alternative prête à 
                          la poudre sous quelque forme que ce soit: le carburant 
                          des avions. Changer le mélange du carburant dans 
                          un moteur d'avion pour brûler de façon 
                          riche peut laisser un ruban de brouillard à l'arrière 
                          qui durera jusqu'à trois mois, bien que comme 
                          il s'étale il devienne invisible. Ces grains 
                          retomberaient principalement dans les gouttes de pluie, 
                          ne faisant pas froncer les sourcils de l'Agence de Protection 
                          de l'Environnement. Le carburant représente environ 
                          15% des dépenses opérationnelles des compagnies 
                          d'aviation, et faire fonctionner un moteur de façon 
                          plus riche augmente le prix de seulement quelques pourcents. 
                          Pour 10 millions de $, cette méthode compenserait 
                          les émissions de gaz à effet de serre 
                          des États-Unis de 1990. Ajouter ceci au prix 
                          d'un billet d'avion ferait monter le prix de peut être 
                          1%. Un atout supplémentaire est que fonctionner 
                          riche avec le carburant des avions attirera peu l'attention, 
                          ne modifie même pas les couchers de soleil et 
                          rend difficile le ralliement de protestataires attirant 
                          l'attention des médias. Mais il y a, comme toujours, des effets annexes. La 
                          poudre ou l'acide sulfurique réchaufferaient 
                          aussi la stratosphère, avec un impact inconnu. 
                          Certains scientifiques soupçonnent que la couche 
                          d'ozone pourrait être affectée. Si une 
                          expérience à grande échelle le 
                          montrait, nous pourrions arrêter l'effet en environ 
                          un an comme la poudre tomberait ou serait entraînée 
                          par la pluie (des expériences à faible 
                          échelle devraient bien sur montrer ceci d'abord). Ces idées prévoient de faire ce que les 
                          nuages naturels font déjà comme acteurs 
                          majeurs dans l'albédo total. Une augmentation 
                          de 4% des stratocumulus au-dessus des océans 
                          compenserait les émissions globale de dioxyde 
                          de carbone. Les terres réfléchissent plus 
                          de lumière solaire que le font les mers sombres, 
                          mettre des nuages loin des terres, et de préférence 
                          aux tropiques, donne donc l'effet le plus grand. Les nuages se condensent autour de minuscules noyaux, 
                          souvent du genre des gouttelettes d'acide sulfurique 
                          que les géoingénieurs veulent répandre 
                          dans l'atmosphère. Les océans fabriquent 
                          de telles gouttelettes quand les algues se décomposent, 
                          et le taux de production naturel définit les 
                          limites du nombre de nuages qui se forment au-dessus 
                          des mers. Les nuages couvrent déjà environ 
                          31% de la planète, une augmentation de 4% de 
                          va donc pas gâcher nos journées de façon 
                          notable. Bricoler un tel processus naturel gigantesque est décourageant, 
                          mais, en fait, environ 400 centrales à charbon 
                          de taille moyenne émettent assez de soufre en 
                          une année pour faire ce travail pour la terre 
                          entière (ceci suggère à quel point 
                          nous perturbons déjà la planète). 
                          Il y a des problèmes avec l'utilisation du charbon: 
                          prétendre que plus de pollution de l'air est 
                          bon pour la Terre Mère semble intuitivement mauvais. 
                          Les usines à charbon sont sur les terres et les 
                          nuages seraient plus efficaces au-dessus des océans. 
                          Une stratégie internationale évidente 
                          vient à l'esprit: subventionner des industries 
                          dépendantes de l'électricité sur 
                          des îles isolées du Pacifique, et leur 
                          apporter le charbon salissant riche en soufre. Les panaches 
                          des usines s'élargiraient avec le vent et les 
                          produits fabriqués revitaliseraient les états 
                          de l'océan tropical, les payant pour être 
                          de bons voisins. Les états riches obtiendraient 
                          alors leur atténuation, réalisée 
                          loin de chez eux et de leurs comités voisins 
                          contrariants, utilisant de la main d'oeuvre bon marché. 
                          Et personne ne doit supporter les usines; le prix influencera 
                          la demande. Une approche plus ennuyeuse, conçue par le comité 
                          de l'Académie Nationale des Sciences, prévoit 
                          une flotte de bateaux brûlant du soufre qu'ils 
                          enfournent directement dans leur chaudière (peut 
                          être qu'une certaine collaboration fonctionnerait 
                          ici. Les cargos brûlant du soufre pourraient aussi 
                          répandre de la poudre de fer, combinant les propositions 
                          de façon plus économique). Les navires 
                          crachent de gros rubans de vapeur de soufre en haute 
                          mer, où personne ne peut se plaindre, et des 
                          couloirs de nuages se forment docilement derrière. 
                          Il serait mieux d'utiliser ces nuages de soufre pour 
                          augmenter les limites des régions couvertes de 
                          nuages existantes, les faisant gonfler et augmentant 
                          la durée de vie des nuages naturels. Les cargos 
                          brûlant du soufre en continu suivraient les tendances 
                          climatiques, guidés par des données météorologiques 
                          fournies par des satellites. On pourrait d'abord pratiquer des expérimentations 
                          régionales, pour calculer un modèle correct 
                          sur la façon dont le système nuageux des 
                          océans répond. Cette méthode peu 
                          sophistiquée coûterait environ 2 milliards 
                          de $ par an, y compris l'amortissement des navires. Le plus grand risque politique ici est la modification 
                          du climat. La campagne augmenterait la quantité 
                          de gouttelettes de soufre dans l'air d'environ 25%. 
                          Ceci ne causerait probablement pas de problèmes, 
                          la plus grande partie du soufre retombant en pluie dans 
                          les océans, qui ont d'énormes capacités 
                          de régulation. Garder les cargos à une 
                          distance d'une semaine de déplacement des terres 
                          nous sauverait probablement des gros titres effrayants 
                          sur les pluies acides sur la tête des agriculteurs, 
                          puisque 30% du soufre retomberait en pluie chaque jour. Le chic de l'albédo L'ANS (Académie Nationale des Sciences) a trouvé 
                          que "peut être qu'une des surprises de cette 
                          analyse est le coût relativement faible" 
                          d'implémenter certains projets significatifs 
                          de géoingénierie. Il y aurait juste besoin 
                          de quelques milliards de $ pour atténuer les 
                          émissions de dioxyde de carbone des États-Unis. 
                          Comparé avec arrêter le brûlage du 
                          charbon par le peuple Chinois, ce n'est rien. Nous ne devrions pas considérer le rapport du 
                          comité de 1992, chargé de notes de bas 
                          de pages et de qualificatifs, comme une feuille de route 
                          vers un futur bienheureux. Les estimations de l'ANS 
                          sont simples, linéaires, et faites avec des paramètres 
                          mal compris. Elles ignorent aussi beaucoup d'effets 
                          secondaires. Par exemple, les forêts contribuent 
                          à la formation des nuages au-dessus d'elles, 
                          car la vapeur qu'elles dégagent se condense rapidement. 
                          Ces charmantes boules de coton des cumulus réfléchissent 
                          la lumière solaire. Faire pousser des arbres 
                          pour absorber le dioxyde de carbone augmente donc aussi 
                          l'albédo, une réaction positive supplémentaire. 
                          Mais est ce la fin de la chaîne? Non, parce que 
                          la vapeur d'eau est elle même un gaz à 
                          effet de serre. Les nuages épais absorbent aussi 
                          les infrarouges. Si les forêts respirent beaucoup, 
                          elles peuvent en partie piéger leur propre chaleur. 
                          Comprendre ceci, et le calculer en détails, prendra 
                          une génération de recherches. Mais peut être que la plus grande inconnue est 
                          sociale: comment le public au courant des questions 
                          politiques - ceux qui votent en tout cas - réagira-t-il? 
                          Si les géoingénieurs sont décrits 
                          dès le début et souvent comme des Dr Folamour 
                          de l'air, ils échoueront. Dépeints correctement 
                          comme des alliés de la science - et de vrais 
                          environnementalistes - ils pourraient devenir des héros. 
                          Ne pas laisser les écologistes radicaux fixer 
                          les limites de la discussion sera crucial. Un facteur majeur ici sera de savoir si l'atténuation 
                          ressemble encore à un autre stratagème 
                          directif, une autre série d'ordres de l'élite. 
                          Policer de façon draconienne l'utilisation du 
                          carburant ressemblera sûrement à ça, 
                          un Père Fouettard renfrogné se battant 
                          chaque jour pour des détails, calculant votre 
                          coût de déplacement à votre travail 
                          et réglant votre thermostat. Par contraste, l'atténuation 
                          n'a pas à faire rentrer un surveillant dans nos 
                          maisons. Des solutions techniques peuvent être 
                          entreprises loin des gens, sur mer ou haut dans le ciel. Mieux, une acceptation étendue des stratégies 
                          d'atténuation pourrait amener à un chic 
                          de l'albédo - exhibition ostentatoire de toits 
                          blancs, look méditerranéen, voitures argentées, 
                          retour des costumes couleur de crème glacée 
                          dans les cercles de la mode. Le blanc pourrait être 
                          approprié encore après la fête du 
                          travail. Plus sérieusement, chaque petite partie aiderait 
                          en fait. Ceci est crucial: l'atténuation porte 
                          le chapeau blanc. Elle demande des mesures simples et 
                          claires de chacun, avant de se livrer à des interventions 
                          à grande échelle. L'implication populaire 
                          devrait être intégrale dès le départ. 
                          Des efforts locaux devraient être faits en parallèle 
                          à ceux au niveau de l'état, spécialement 
                          car l'atténuation est liée profondément 
                          à la diplomatie. Les apparences sont ici encore 
                          plus critiques, étant donné le niveau 
                          d'animosité entre les gros consommateurs (spécialement 
                          les États-Unis) et le monde tropical. Les solutions plausibles devraient rester dans les 
                          limites sobres du comité de l'ANS. Apprendre 
                          davantage est bien sur le premier pas crucial. Ce n'est 
                          pas seulement l'appel académique habituel pour 
                          plus de financement des recherches, personne ne veut 
                          essayer des expérimentations globales au petit 
                          bonheur. Au delà des études et rapports supplémentaires, 
                          nous devrons bientôt commencer à penser 
                          à des expériences contrôlées. 
                          Les scientifiques du climat ont jusqu'ici étudié 
                          passivement, plutôt comme des astronomes. Ils 
                          ont une tendance pour ce comportement, spécialement 
                          parce que les changements perceptibles que nous avons 
                          apporté à notre climat ont été 
                          généralement pernicieux. Un tel état 
                          mental change lentement. Les relents de prétention 
                          démesurée en retiennent beaucoup. Mais 
                          un temps viendra pour entreprendre plusieurs expérimentations 
                          limitées, comme le déversement de fer. 
                          Ce sera la seconde grande étape pour considérer 
                          si nous devenons des géoingénieurs. Les 
                          contraintes doivent être strictes pour assurer 
                          des résultats clairs. Plus important: les perturbations du climat doivent 
                          être locales et réversibles - et pas simplement 
                          pour apaiser les craintes environnementales. Seules 
                          des expériences contrôlées, bien 
                          conçues et bien analysées, seront convaincantes 
                          pour les deux parties dans ce débat. En fait, 
                          le sillage vert près des îles Galapagos 
                          l'a montré. Ses grandes caractéristiques 
                          ont été le mieux étudiées 
                          par les satellites, qui ont nettement repéré 
                          la grosse tache verte sur la mer bleue foncée. 
                          Mais on s'est mal occupé de la question cruciale, 
                          savoir si le carbone est resté bloqué 
                          dans les eaux océaniques. Les satellites n'ont 
                          été d'aucune aide. Un financement un peu 
                          meilleur et plus de scientifiques, dispersés 
                          en petites équipes, auraient pu nous en dire 
                          beaucoup plus. La modélisation minutieuse du climat doit être 
                          faite en étroite collaboration avec chaque expérimentation. 
                          Peu doutent que notre climat est unique en termes de 
                          complexité. Alors que l'on fait beaucoup de cas 
                          de notre cerveau merveilleux, peut être que l'entité 
                          la plus complexe connue est notre biosphère, 
                          dans laquelle nous ne sommes que de simples éphémères. 
                          En l'absence d'une théorie vaguement utile de 
                          la complexité des systèmes, nous devons 
                          procéder avec précaution. Alors que les études informatiques sont connues 
                          pour révéler principalement ce que l'on 
                          cherchait, confirmant les préjugés de 
                          leurs programmeurs, les méthodes s'améliorent 
                          rapidement. Elles peuvent explorer beaucoup de voies 
                          différentes sur les expériences de géoingénierie 
                          à faible échelle. Évoquer les modèles 
                          informatiques comme outil de protection dans chaque 
                          expérience apaisera les craintes, au moins parmi 
                          ceux qui lisent entre les lignes. Qui paye, en fin de compte? Les pressions politiques 
                          pourraient bien contraindre les nations à se 
                          conformer à certains buts visés. Un facteur 
                          crucial sera le rapport à utiliser pour contrôler 
                          la droiture d'un pays (ou d'une région): la consommation 
                          nette de combustibles fossiles divisée par quoi? 
                          La population? Ceci favorise les pays pauvres les plus 
                          peuplés. La valeur économique créée 
                          par les carburants? Ça se passerait assez bien 
                          pour les États-Unis. Une moyenne pondérée 
                          entre les deux?  Pour éviter de tomber dans le pur pouvoir politique 
                          et de faire de la politique idiote en public, une Autorité 
                          Mondiale sur le Réchauffement pourrait copier 
                          nos méthodes naissantes de bons pour polluer, 
                          faisant entrer en jeu quelques forces de marché. 
                          Mais au lieu de simplement échanger nos droits 
                          à brûler plus - un élément 
                          négatif - on pourrait aussi bien utiliser une 
                          unité d'atténuation positive. Les industries 
                          les amassant, disons en payant pour des carburants pouvant 
                          brûler riche, pourraient elles mêmes brûler 
                          plus de pétrole. Un équilibre dynamique 
                          dirigé par le marché pourrait alors minimiser 
                          les coûts pour un but anti-réchauffement 
                          donné. De telles approches pourraient conduire à l'émergence 
                          de groupes de méthodes parmi lesquelles les régions 
                          pourraient choisir celles qui leur apportent le meilleur 
                          avantage. Les déserts réfléchissent 
                          bien la lumière (bien que les routes y sont habituellement 
                          sombres), y ajouter une couverture nuageuse est globalement 
                          moins efficace; l'effet des villes plus blanches pourrait 
                          être mesuré par la diminution moyenne des 
                          îlots de chaleur; les terres à forte pluviosité 
                          pourraient favoriser la reforestation. Tout calcul politique 
                          de ce genre devrait tourner autour des subtilités 
                          des marchés et feront avancer les choses plus 
                          rapidement et de façon plus ingénieuse 
                          que n'importe quel comité. Des mandats rigides 
                          échoueront inévitablement. Cependant, passer du niveau local au niveau global 
                          est lourd d'incertitudes - et certain d'inspirer beaucoup 
                          d'anxiété. Nous serons toujours des intendants 
                          ambivalents de la terre. Et les émissions de 
                          gaz à effet de serre ne seront certainement pas 
                          non plus notre dernier problème. Nous faisons 
                          beaucoup de choses à notre environnement, et 
                          on s'attend à ce que la population atteigne 10 
                          milliards en 2050. Quand de nouvelles menaces émergeront 
                          elles? Les catastrophes pourraient advenir à 
                          un rythme de plus en plus rapide, naissant des nombreux 
                          effets de synergie que nous devons pister à travers 
                          le labyrinthe géophysique. Quand nous commençons à corriger nos 
                          affronts involontaires à la Terre Mère, 
                          nous devons réaliser que c'est pour toujours. 
                          Une fois que nous devenons des gardiens, nous ne pouvons 
                          pas arrêter. La lourde tâche à laquelle 
                          l'humanité est confrontée, spécialement 
                          l'essor de la majorité vers un semblant de prospérité, 
                          doit être poursuivie dans l'ombre de notre gestion. Et cependant, même parmi les nations compétentes, 
                          celles qui ont la prévoyance de se saisir des 
                          solutions, une réticence bizarre imprègne 
                          la classe politique. Comme le physicien de l'atmosphère 
                          Ralph Cicerone l'a noté, "beaucoup de ceux 
                          qui prévoient des problèmes environnementaux 
                          prédisent la catastrophe et ont peu confiance 
                          dans la technologie, ils proposent donc de fortes limitations 
                          sur l'industrialisation, alors que les plus optimistes 
                          refusent de croire qu'il y ait un quelconque problème 
                          environnemental". Ayant péché contre Mère Nature 
                          involontairement, beaucoup sont très peu enthousiastes 
                          pour intervenir délibérément. Sherwood 
                          Rowland, chimiste à l'Université de Californie 
                          d'Irvine, qui a prédit, avec Mario Molina, la 
                          diminution de la couche d'ozone a déclaré: 
                          "je suis définitivement opposé à 
                          l'atténuation globale". Cela a apporté 
                          un poids considérable à la cause de l'abstention. 
                          À la base, de telles personnes voient l'humanité 
                          comme étant le problème; seulement en 
                          nous comportant humblement, en vivant délicatement 
                          sur notre terre, pouvons nous nous racheter. Sur ce 
                          point la plupart des scientifiques et théologiens 
                          sont d'accord, du moins pour l'instant. Le siècle prochain verra une bataille prolongée 
                          entre les prophètes qui voudraient intervenir 
                          et les moralistes qui voient toute action humaine à 
                          grande échelle comme une souillure. Même 
                          actuellement, beaucoup prétendent que rien que 
                          de parler de géoingénierie encourage la 
                          populace à plus d'excès, puisque les masses 
                          penseront qu'une fois de plus la science a un remède 
                          à portée de main. Certains, cependant, diront tranquillement et de façon 
                          persistance, et bien, peut être que la science 
                          a un remède... |