Contrôle du climat
Si nous traitions le réchauffement global comme
un problème technique plutôt qu'un outrage
moral, nous pourrions refroidir le monde
Par Gregory Benford, professeur de physique à
l'Université de Californie d'Irvine et auteur
de "Timescape", novembre 1997
Bien que nous y arrivions de mieux en mieux, prédire
le temps est toujours remarquablement difficile. Il
est bien plus facile de prédire le climat politique,
spécialement quand il s'agit du réchauffement
global. À savoir, en décembre des négociateurs
des quatre coins du monde se rencontreront à
Kyoto pour concevoir un traité international
pour s'occuper de ce que la plupart des scientifiques
(mais pas tous) croient: une augmentation des températures
de 0.5°C durant le siècle dernier, et la
promesse qu'il y en a encore à venir.
Tous les principaux participants, incluant les représentants
des États-Unis, soutiendront que la seule façon
d'aborder le réchauffement global est de réduire
significativement les niveaux de dioxyde de carbone
et des autres gaz à effet de serre qui sont liés
de manière plausible (bien que pas irrévocablement)
à l'augmentation des températures. Bien
qu'un groupe de nations constitué de petites
îles suggérera une réduction de
20% des gaz à effet de serre, les membres de
l'Union Européenne présenteront plus que
probablement un plan pour diminuer les émissions
de dioxyde de carbone, méthane et oxyde nitreux
d'au moins 15% pendant la prochaine décennie.
L'administration Clinton pourrait faire objection à
ces buts spécifiques, mais elle soutiendra avec
enthousiasme le consensus que la seule façon
de contrer le réchauffement global est de réduire
les émissions. En fait, le président a
annoncé en août que "nous devons pour
nos enfants" signer un traité pour réduire
la consommation de gaz à effet de serre, une
position reprise par le ministre de l'intérieur
Bruce Babbitt, qui a appelé les contestataires
"anti-américains", et la conseillère
économique Janet Yellen, qui a qualifié
de "futiles" les analyses coût-bénéfice
de la réduction des gaz à effet de serre.
De telles réflexions correspondent parfaitement
avec la position universelle des environnementalistes,
qui est mieux comprise comme une éthique carrément
puritaine: "abstiens toi, pécheur!".
"La seule façon de ralentir le changement
de climat est d'utiliser moins de combustible"
affirme Bill McKibben dans "la Fin de la Nature",
un livre qui condamne sans ambages de tels luxes tels
que la possession personnelle d'une machine à
laver et le transport d'oranges vers des pays froids.
Et si une réduction de 15% des gaz à effet
de serre semble extrême, considérez que
plusieurs écologistes soutiennent des mesures
de conservation beaucoup plus coûteuses comme
seule solution. Le livre de Ross Gelbspan "Le chauffage
est allumé" préconise même
une prise de contrôle par le gouvernement du secteur
de l'énergie et une campagne massive de propagande.
Suite à la conférence de Kyoto, attendez
vous à voir des demandes pour un tsar des gaz
à effet de serre comme le réchauffement
global est porté largement et de façon
persistante à l'attention du public.
Une telle façon de se lamenter est aussi peu
imaginative que non équivoque. Au lieu de réductions
draconiennes des émissions de gaz à effet
de serre, il pourrait très bien y avoir des moyens
pratiquement plus simples - même plus faciles
- pour régler ce dilemme. Mais les discussions
sur le réchauffement global ne montrent jamais
cela clairement; elles semblent conçues pour
exclure toute idée que nous ne pourrions remédier
à la situation qu'au moyen de grands sacrifices,
d'inconfort et d'argent. En fait, elles semblent supposer
une relation directe entre le niveau de sacrifice, d'inconfort
et d'argent exigé par n'importe quelle solution
proposée et son efficacité scientifique.
Des solutions basées sur la suppression de l'utilisation
des combustibles seront chèrement payées,
à la fois en terme de dollars et de niveau de
vie. Les économistes ont des avis différents
sur le prix, une analyse approximative donnant une estimation
d'environ 250 milliards de $ par an pour réduire
seulement les émissions de dioxyde de carbone
de 15% au niveau mondial (un facteur 2 est facilement
discutable). À ce prix nous devons ajouter le
coût de la réduction des autres gaz à
effet de serre, un coût ressenti non seulement
par nos portefeuilles mais aussi dans les biens, services
et innovations dont la production serait arrêtée
ou abandonnée.
Mais, pour un certain nombre de raisons que je vais
élaborer ci-dessous, maintenant est précisément
le moment pour considérer sérieusement
le concept de la "géoingénierie",
de l'altération consciente de la chimie et des
conditions atmosphériques, de l'atténuation
des effets des gaz à effet de serre plutôt
que de simplement demander leur réduction ou
leur totale prohibition.
Il y a 40 ans, le célèbre scientifique
de l'atmosphère Roger Revelle a déclaré
que "l'humanité est en train de réaliser
une expérience géophysique à grande
échelle" en pompant des milliards de tonnes
de dioxyde de carbone dans l'air. La question qui nous
attend ne devrait pas être simplement comment
arrêter au mieux l'expérience - et par
extension la prospérité et le progrès
permis par une énergie abondante et bon marché.
La question devrait plutôt être comment
concevoir cette expérience, afin que nous maximisions
les bénéfices et minimisions les coûts.
Comme les habitants des nations développées
deviennent convaincus que le réchauffement global
est une menace immédiate méritant une
réponse, ils demanderont légitimement
des solutions qui exigent le moins de sacrifices.
Politiques et parasols
Un rapport peu remarqué de l'Académie
Nationale des Sciences de 1992 parlait directement de
ce problème. Le rapport expliquait la science
motivée par le réchauffement global puis
s'aventurait loin de l'orthodoxie environnementale dominante:
pouvons nous accepter que les gaz à effet de
serre augmentent et trouver des moyens de les compenser?
Au lieu de réduire les gaz, pouvons nous intervenir
pour réduire ou compenser le réchauffement
qu'ils pourraient causer?
La modification du climat est consacrée par
l'usage, bien que pas nettement gagnante. L'ensemencement
de nuages aux États-Unis pendant les années
40 et 50 a rencontré quelque succès mais
s'est terminé dans une tempête de procès
par ceux qui prétendaient que leurs précipitations
locales avaient été détournées
vers les zones voisines (bien que de telles assertions
n'aient eu que peu de preuves scientifiques, les juges
en ont décidé autrement). Pendant la guerre
froide, les deux côtés ont étudié
un menu de sales tours climatiques, y compris des plans
pour détruire les récoltes de l'adversaire.
Ces programmes s'embourbaient sur une raison fondamentale:
avant de modifier un climat, on doit d'abord le comprendre.
Au niveau de connaissance des années 60, seulement
des actions spectaculaires auraient laissé une
signature discernable. La variabilité du climat
était si peu comprise que les prédictions
étaient vaines au delà d'environ une semaine.
Mais, dans des progrès peu remarqués
par le public, la durée assurée des prédictions
météorologiques rationnelles avait été
multipliée par plus de 10. En observant le soleil,
l'atmosphère, les océans, les terres et
les nuages, en utilisant des satellites, des avions
sophistiqués, des bateaux et un réseau
dense d'observations terrestres, nous avons diminué
les incertitudes sur le climat à longue échéance.
Nous continuons à parler simplement du temps,
mais les discussions sont de meilleure qualité.
Au début de cette année par exemple, l'Agence
Nationale Océanique et Atmosphérique a
prédit un hiver à venir humide six mois
à l'avance, basé sur des mesures de températures
des eaux tropicales, présageant un nouveau courant
océanique El Nino. Que ces prédictions
soient justes ou fausses - les mois à venir en
décideront - nous entrons dans une nouvelle ère
de prévisions. Avec les derniers systèmes,
soutenus par des modèles informatiques complexes,
nous réduirons les incertitudes, identifieront
les boucles de réaction subtiles, dénicheront
les tendances de pollution régionales, discernerons
l'avancée des déserts et la disparition
des forêts.
Des mesures globales délicates des perturbations
apporteront plus de renseignements sur les contractions
glaciaires et polaires, les niveaux d'ozone, les poussières
volcaniques et le niveau des océans. Il y a même
une technique disponible pour évaluer à
peu de frais la réflectivité globale en
mesurant la "brillance" de la terre - la faible
lueur de notre lumière réfléchit,
vue sur la portion sombre d'un croissant de lune. En
utilisant un petit télescope et un matériel
improvisé, des astronomes ont facilement montré
que nous réfléchissons 30% de la lumière
solaire dans l'espace - un nombre qu'un système
de satellites avait déjà trouvé,
pour un coût de centaines de millions de dollars.
De telles innovations diminueront les coûts et
la confusion pour la compréhension globale, une
aide dont nous aurons vraiment besoin si et quand les
prédictions de l'effet de serre s'aggravent.
Géoingénierie
Le déploiement de certains systèmes de
géoingénierie semble possible actuellement,
et pour un prix raisonnable. Ils pourraient être
mis en marche ou arrêtés si nous obtenons
des effets inattendus. Il serait relativement facile
de mener des expérimentations à petite
échelle pour répondre aux questions sur
comment notre atmosphère se comporte quand on
y altère le genre de poussières ou d'aérosols.
Une connaissance nuancée est cruciale; la biosphère
est un système fortement non linéaire
qui a fait l'expérience d'écarts climatiques
auparavant (glaciation, sécheresse) et peut aussi
passer en mode instable.
En fait, certains critiques prétendent que ce
simple fait exclut le bricolage de "la seule terre
que nous ayons". Le climat de la terre pourrait
présenter une instabilité chaotique, un
état avec des conditions de départ seulement
légèrement différentes évoluerait
pour finir en un état nettement différent:
une période de gelées créée
artificiellement au début de cette année
pourrait signifier un âge glaciaire l'année
suivante. Mais nous savons aussi que la terre subit
des injections de poussières et d'aérosols
par les volcans, entraînant des changements climatiques.
Des expériences qui affectent la planète
dans la gamme de variabilité naturelle pourraient
être permises sans ou avec peu de risques.
Le seul moyen de supprimer du dioxyde de carbone, le
principal gaz à effet de serre, est de faire
pousser des plantes - de préférence des
arbres, parce qu'ils bloquent plus de gaz dans la cellulose,
ce qui signifie qu'il ne retournera pas dans l'air pendant
une saison ou deux. Les plantes se développent
elles mêmes à partir d'air et d'eau, prenant
seulement une minuscule fraction de leur masse du sol.
Les forêts, qui couvrent environ un tiers des
terres, ont été réduites d'un tiers
au cours des derniers 10000 ans (bien qu'elles aient
augmenté aux États-Unis ces 50 dernières
années, principalement à cause des forces
de marché).
Comme les océans, les plantes sur terre contiennent
environ trois fois plus de carbone que l'atmosphère.
Alors qu'il faut aux océans plusieurs siècles
pour échanger cette masse avec l'air, il faut
seulement quelques années pour la flore. Alors
que les sociétés tropicales déboisent
la forêt, les nations tempérées
ont en fait fait pousser plus d'arbres, compensant légèrement
cet effet. Aux États-Unis, nous avons perdu environ
un quart de notre forêt depuis Christophe Colomb,
et la reforestation se produit principalement dans le
sud, où les pins représentent une manne
pour l'industrie du papier. Mais globalement, nous détruisons
4000 m2 de forêt chaque seconde. Maintenir seulement
l'équilibre avec ces pertes exige un programme
considérable de plantation.
Les arbres absorbent le carbone plus rapidement quand
ils sont jeunes. Planter des espèces à
croissance rapide donnerait un effet massif rapidement,
mais que se passe-t-il quand ils atteignent leur taille
adulte? Finalement, soit ils meurent ou pourrissent
sur place, rendant les nutriments à la terre,
soit nous les brûlons. Si cette combustion remplace
celle du pétrole et du charbon, tout va bien.
Même couper tous les arbres laisse une partie
du carbone stocké plus longtemps dans les racines
et le bois. Les bâtiments peuvent maintenir le
bois en dehors de ce cycle pendant environ un siècle.
Environ la moitié des émissions de carbone
des États-Unis pourrait être capturée
si nos cultivions des arbres sur des terres et des pâturages
économiquement marginaux. Plus de forêt
pourrait améliorer la biodiversité, la
vie sauvage et la qualité de l'eau (les forêts
sont des filtres naturels), permettrait de meilleurs
loisirs et nous donneraient plus de produits naturels
en bois. Encore mieux, on peut s'occuper de la partie
la moins coûteuse en premier, avec des terres
que personne n'utilise actuellement. Ceci coûterait
environ 5 milliards de $ par an, et une campagne de
bien-être se vendrait facilement, les commerçants
pouvant proclamer les éco-vertus ("achetez
une voiture, plantez un bosquet d'arbres").
Ceci fonctionnerait raisonnablement bien à court
terme. Mais les arbres absorbent de l'eau et on doit
faire attention à ne pas épuiser le sol,
c'est donc une solution valable pendant environ 40 ans.
Capturer l'augmentation mondiale actuelle du dioxyde
de carbone uniquement grâce à des arbres
nécessiterait une surface de la taille de l'Australie
- c'est à dire d'un continent. La plupart de
ces terres sont privées, la tâche ne peut
donc pas être effectuée par décret
gouvernemental. Cependant, un effort régional
pourrait avoir un effet perceptible sur les niveaux
globaux de dioxyde de carbone.
La solution Geritol
Les océans composent l'autre gros puits de gaz
à effet de serre; certains chercheurs estiment
qu'ils absorbent 40% des émissions des combustibles
fossiles. Dans les eaux côtières plus en
mouvement, le plancton peut essaimer, un million par
goutte d'eau. Il colore la mer en brun et vert là
où les deltas se forment à partir des
grosses rivières, ou où les villes déversent
leurs eaux usées. Minuscule, bien qu'extrêmement
important, le plancton gouverne comment la mer récolte
la générosité du soleil, ainsi
est la fondation de la chaîne alimentaire des
océans. Plus loin des côtes, la mer redevient
bleu par manque de plancton.
Les océans sont d'énormes actionneurs
dans les équations environnementales, parce que
le plancton transforme de grandes quantités de
gaz. Bien que les causes et effets ne soient pas tout
à fait clairs, nous savons que pendant les périodes
glaciaires les niveaux de dioxyde de carbone ont chuté
de 30%.
Pourrions nous faire ceci aujourd'hui? Diminuer la
quantité de dioxyde de carbone devrait certainement
faire baisser les températures. Mais comment?
La réponse pourrait se trouver non pas aux tropiques
mais dans les océans polaires, où d'énormes
réserves d'ingrédients clés pour
la croissance des plantes - nitrates et phosphates -
dérivent, inutilisés. Le problème
n'est pas le faible ensoleillement ou le froid glacial,
mais le manque de fer. Les électrons se déplacent
facilement en sa présence, jouant un rôle
majeur dans le piégeage de la chaleur.
Une solution radicale serait d'ensemencer ces océans
avec de la poudre de fer dissoute. C'est peut être
le déclencheur qui a entraîné la
forte chute de dioxyde de carbone pendant les périodes
glaciaires: les continents se sont desséchés,
donc plus de poussière a été envoyée
dans les océans, apportant du fer et stimulant
l'absorption du dioxyde de carbone par le plancton.
Mère Nature peut être subtile.
Une telle idée traverse les frontières
capitales entre l'atténuation quasi-naturelle
telle que la plantation d'arbres et les moyens artificiels
évidents. Voilà le coeur du sujet, le
gouffre conceptuel. Avec la vantardise qui pourrait
coûter cher à sa cause, l'inventeur de
l'idée, John Martin des Laboratoires Moss Landing
Marine en Californie a déclaré: "Donnez
moi la moitié d'un navire rempli de fer, et je
vous donnerais une nouvelle période glaciaire".
Le carbone capturé est pris dans une "culture
active" de plancton. Ces minuscules créatures
habitent quelques mètres sous la surface. Pour
vraiment enfouir le gaz, elles doivent d'une certaine
façon le transporter dans le grand volume des
océans. Certains biologistes croient qu'à
partir du plancton, le dioxyde de carbone doit se dissoudre
lentement dans les eaux plus profondes, bien que nous
n'en soyons pas certains. Peut être que le dioxyde
de carbone est finalement déposé au fond
de la mer. Personne n'a vérifié ce dernier
processus. D'une certaine façon cependant, une
bonne partie du carbone finit dans les fosses des grands
fonds.
Proposée d'abord en 1988, la "solution
Geritol" consistant à ajouter du fer dans
l'océan a une histoire difficile. Beaucoup l'ont
automatiquement ridiculisé comme étant
idiote, arrogante et risquée politiquement. Mais
en 1996 l'idée a finalement été
testée par le gouvernement des États-Unis,
et ça s'est bien passé. Près des
îles Galapagos se trouve une zone assez infertile
biologiquement. Sur 72 Km2 de mer bleue, des scientifiques
ont déversé 410 Kg de fer durant un test
d'une semaine. Les eaux ont immédiatement proliféré
en minuscule phytoplancton, qui a finalement couvert
500 Km2, soudainement devenus verts. La production de
plancton culminât neuf jours après le début
de l'expérience. 410 Kg de poudre de fer ont
stimulé environ 2000 fois leur propre poids en
croissance organique, bien plus que la performance de
n'importe quel engrais sur les terres. Le plancton a
absorbé le dioxyde de carbone, réduisant
sa concentration dans les eaux avoisinantes de 15%.
Il a rapidement comblé cette déficience
en aspirant du dioxyde de carbone de l'air.
Les projections montrent que puisque le processus affecterait
seulement environ 16% de la surface des océans,
une campagne massive pour déverser des mégatonnes
de fer dans les océans polaires aspirerait entre
6 et 21% du dioxyde de carbone de l'atmosphère,
les plus récentes estimations donnant environ
10%. De tels bricolages effrayants de grande envergure
sont extrêmes; la méthode devra être
testée à beaucoup plus petite échelle.
Cette atténuation pourrait quand même atténuer
le problème du réchauffement, bien que
ne pas le résoudre entièrement.
Même de telles solutions partielles attirent
des opposants fermes. La géoingénierie
porte une forte odeur de prétention démesurée.
Ce qui est le mieux décrit comme éco-vertu
s'est dressée contre immédiatement après
la proposition de 1988, même avant que ne se déroulent
des expérimentations. Suivant le modèle
puritain comme quoi toute déviation de l'abstinence
est un abandon, plusieurs scientifiques et écologistes
ont vu dans le projet de Martin une incitation pour
les pollueurs. "Beaucoup d'entre nous ont une horreur
automatique à cette pensée" a commenté
Ralph Cicerone, expert sur l'atmosphère à
l'Université de Californie d'Irvine.
D'autres spécialistes ont réagi. Russell
Seitz d'Harvard a dit que les expérimentateurs
des Galapagos craignaient de paraître politiquement
incorrects. "Si cette approche s'avère être
bénigne pour l'environnement" a dit Seitz,
"ça semblerait être très bon
marché par rapport à un programme réactionnaire
de déclaration de guerre globale contre le feu".
De grandes incertitudes subsistent: comment le fer
affecte les écosystèmes à plus
grande profondeur, sur lesquels nous en connaissons
peu? Est ce que le carbone finira réellement
au fond de la mer? Est ce que les océans polaires
transporteront le carbone absorbé assez rapidement
pour ne pas bloquer le processus? Est ce que l'ajout
de plancton stimulerait le nombre de poissons et de
baleines dans l'océan atlantique? Ou est est
ce que quelque effet annexe endommagerait toute la chaîne
alimentaire? Même si l'idée fonctionnait,
qui devrait mener un tel programme? De plus, il y a
quelques preuves que seulement une faible quantité
du carbone fixé dans l'expérience des
Galapagos a vraiment sombré.
Il semble qu'il soit retourné à un état
d'équilibre avec l'air. Il y a une controverse
sur ce point essentiel; c'est vraiment ici que des recherches
supplémentaires pourraient nous en dire plus.
Ceci semble certain (et devrait dissiper beaucoup de
craintes): si nous décidons d'arrêter la
solution Geritol à cause d'effets annexes imprévus,
le contrôle est facile. La culture active mourra
en une semaine, fournissant une correction rapide.
Les coûts sont aussi faciles à chiffrer.
Il n'y a rien de très sophistiqué techniquement
dans le déversement de fer. Martin a estimé
que le travail nécessiterait environ un demi
million de tonnes par an. En fonction de quelle sorte
de fer se révèle le meilleur pour aider
le plancton et implémenter la méthode,
la gamme de prix est de 10 millions de $ à 1
milliard de $. Ajouter 15 navires naviguants sur les
océans polaires toute l'année, déversant
du fer en lignes, amène le total à environ
10 milliards de $. Ceci absorberait environ un tiers
des émissions globales de dioxyde de carbone
générées par les combustibles fossiles
chaque année.
Réflexion sur la réflectivité
Tout les efforts d'atténuation ne doivent pas
nécessairement se passer sur les terres ou les
mers. En fait, l'approche la plus intuitive peut être
de simplement réfléchir plus de lumière
solaire dans l'espace avant qu'elle ne puisse être
émise comme radiation de chaleur puis absorbée
par le dioxyde de carbone. Les gens comprennent déjà
facilement le concept de base: les t-shirts noirs sont
plus chauds en été que les blancs. Nous
savons déjà que simplement peindre les
bâtiments en blanc les rend plus frais. Nous pourrions
compenser l'effet de toutes les émissions de
gaz à effet de serre depuis la révolution
industrielle en réfléchissant moins de
1% de la lumière solaire.
Un simple changement de 0.5% de la réflectivité
nette de la terre, ou albédo, résoudrait
le problème des gaz à effet de serre complètement.
Le gros problème est les océans, qui représentent
environ 70% de la surface et absorbent plus de lumière
parce qu'ils sont plus sombres que la terre.
Pour l'augmentation de l'albédo, il serait sage
de commencer la discussion en introduisant des mesures
positives qui puissent être facilement comprises
et sont presque à portée de main. Réfléchir
la lumière solaire n'est pas une idée
technique très approfondie après tout.
Ajouter simplement du sable ou du verre à l'asphalte
ordinaire ("glassphalt") double son albédo.
C'est une mesure d'atténuation que tout le monde
pourrait voir - une façon propre, passive, de
faire quelque chose.
Une étude de 1997 de l'Université de
Californie de Los Angeles a montré que Los Angeles
est 5° F plus chaud que la zone environnante, principalement
à cause des toits sombres et de l'asphalte. Les
voitures et les usines électriques contribuent,
mais seulement faiblement; à midi, le soleil
délivre à chaque Km2 la puissance équivalente
à une centrale électrique de 400 Megawatts.
Cet effet d'"îlots de chaleur" urbains
sont communs. Mais les toits blancs, les dallages en
béton coloré, et environ 10 milliards
de $ d'arbres pour faire de l'ombre pourraient refroidir
la ville à une température inférieure
à celle de la campagne, réduisant les
dépenses d'air conditionné de 18%. Les
routes plus froides diminuent aussi l'usure des pneus.
Environ 1% des États-Unis sont couverts par des
constructions, principalement des dallages, ce qui suggère
que nous pourrions déjà contrôler
suffisamment de terres pour nous attaquer au travail.
Avec de telles solutions locales, nous pourrions faire
le saut vers l'espace. La proposition la plus bénigne
au niveau de l'environnement pour augmenter l'albédo
de la planète est très sophistiquée
(et chère): un écran blanc géant
en orbite d'environ 2000 Km de côté. Même
si de tels parasols étaient coupés en
petits morceaux, les placer coûterait environ
120 milliards de $, un peu exorbitant. Nous devrions
aussi payer cher pour les ramener à terre si
ils causaient des effets annexes indésirables
(un de ces effets est certain: un ciel nocturne pollué
par la lumière en permanence, irritant les astronomes
et les romantiques.
Utiliser de la poudre plus inoffensive pour réfléchir
la lumière solaire ne fonctionne pas, elle dérive,
poussée par la pression de la lumière
solaire. Mais l'atmosphère supérieure
est quand même un bon endroit pour intervenir,
parce que beaucoup de lumière est absorbée
dans l'atmosphère dans son chemin vers nous.
De plus, des actions situées très haut
au-dessus de nos têtes nous troubleraient moins.
D'autres sortes de réflecteurs à haute
altitude sont prometteurs. Répandre de la poudre
dans la stratosphère semble réalisable,
parce qu'à ces hauteurs ces minuscules particules
restent suspendues pendant plusieurs années.
C'est pour cette raison que les volcans crachant de
la poussière affectent fortement le temps. Les
minuscules grains qui rougissent nos couchers de soleil
réfléchissent plus de lumière qu'ils
ne piègent d'infrarouges.
Encore mieux que la poudre, les gouttelettes microscopiques
d'acide sulfurique réfléchissent la lumière
plus efficacement. Les aérosols de sulfate peuvent
aussi augmenter le nombre de gouttelettes qui font se
condenser les nuages, augmentant davantage la réflectivité
globale. Ce pourrait donc être un rafraîchissement
local, plus facile à surveiller que le réchauffement
global du dioxyde de carbone. Nous pourrions nous livrer
à de telles petites expériences contrôlables
maintenant. La quantité de gouttelettes ou de
poudre nécessaire est d'un centième de
ce qui est déjà envoyé dans l'atmosphère
par des processus naturels, nous ne aventurerions donc
pas dans un grand bouleversement. Et nous obtiendrions
des couchers de soleil spectaculaires dans l'affaire.
Comme d'habitude il y a des inquiétudes au niveau
humain. L'Agence de Protection Environnementale s'attaque
aux particules, les accusant de troubles pulmonaires.
Heureusement, la poudre à haute altitude retomberait
principalement dans les gouttes de pluie, ne nous faisant
pas tousser. La façon la plus économique
d'apporter la poudre dans la stratosphère est
de la tirer en l'air, pas de la répandre à
partir d'avions. Des gros canons maritimes tirant à
la verticale peuvent envoyer un obus d'une tonne à
20 Km de haut, où il exploserait et éparpillerait
la poudre. Ceci coûte seulement 1/100 du prix
du parasol spatial. Mais les détonations des
canons maritimes qui font vibrer les vitres sur des
kilomètres provoqueront probablement plus que
quelques réactions du genre "pas à
côté de chez moi".
Heureusement, il y a une alternative prête à
la poudre sous quelque forme que ce soit: le carburant
des avions. Changer le mélange du carburant dans
un moteur d'avion pour brûler de façon
riche peut laisser un ruban de brouillard à l'arrière
qui durera jusqu'à trois mois, bien que comme
il s'étale il devienne invisible. Ces grains
retomberaient principalement dans les gouttes de pluie,
ne faisant pas froncer les sourcils de l'Agence de Protection
de l'Environnement. Le carburant représente environ
15% des dépenses opérationnelles des compagnies
d'aviation, et faire fonctionner un moteur de façon
plus riche augmente le prix de seulement quelques pourcents.
Pour 10 millions de $, cette méthode compenserait
les émissions de gaz à effet de serre
des États-Unis de 1990. Ajouter ceci au prix
d'un billet d'avion ferait monter le prix de peut être
1%. Un atout supplémentaire est que fonctionner
riche avec le carburant des avions attirera peu l'attention,
ne modifie même pas les couchers de soleil et
rend difficile le ralliement de protestataires attirant
l'attention des médias.
Mais il y a, comme toujours, des effets annexes. La
poudre ou l'acide sulfurique réchaufferaient
aussi la stratosphère, avec un impact inconnu.
Certains scientifiques soupçonnent que la couche
d'ozone pourrait être affectée. Si une
expérience à grande échelle le
montrait, nous pourrions arrêter l'effet en environ
un an comme la poudre tomberait ou serait entraînée
par la pluie (des expériences à faible
échelle devraient bien sur montrer ceci d'abord).
Ces idées prévoient de faire ce que les
nuages naturels font déjà comme acteurs
majeurs dans l'albédo total. Une augmentation
de 4% des stratocumulus au-dessus des océans
compenserait les émissions globale de dioxyde
de carbone. Les terres réfléchissent plus
de lumière solaire que le font les mers sombres,
mettre des nuages loin des terres, et de préférence
aux tropiques, donne donc l'effet le plus grand.
Les nuages se condensent autour de minuscules noyaux,
souvent du genre des gouttelettes d'acide sulfurique
que les géoingénieurs veulent répandre
dans l'atmosphère. Les océans fabriquent
de telles gouttelettes quand les algues se décomposent,
et le taux de production naturel définit les
limites du nombre de nuages qui se forment au-dessus
des mers. Les nuages couvrent déjà environ
31% de la planète, une augmentation de 4% de
va donc pas gâcher nos journées de façon
notable.
Bricoler un tel processus naturel gigantesque est décourageant,
mais, en fait, environ 400 centrales à charbon
de taille moyenne émettent assez de soufre en
une année pour faire ce travail pour la terre
entière (ceci suggère à quel point
nous perturbons déjà la planète).
Il y a des problèmes avec l'utilisation du charbon:
prétendre que plus de pollution de l'air est
bon pour la Terre Mère semble intuitivement mauvais.
Les usines à charbon sont sur les terres et les
nuages seraient plus efficaces au-dessus des océans.
Une stratégie internationale évidente
vient à l'esprit: subventionner des industries
dépendantes de l'électricité sur
des îles isolées du Pacifique, et leur
apporter le charbon salissant riche en soufre. Les panaches
des usines s'élargiraient avec le vent et les
produits fabriqués revitaliseraient les états
de l'océan tropical, les payant pour être
de bons voisins. Les états riches obtiendraient
alors leur atténuation, réalisée
loin de chez eux et de leurs comités voisins
contrariants, utilisant de la main d'oeuvre bon marché.
Et personne ne doit supporter les usines; le prix influencera
la demande.
Une approche plus ennuyeuse, conçue par le comité
de l'Académie Nationale des Sciences, prévoit
une flotte de bateaux brûlant du soufre qu'ils
enfournent directement dans leur chaudière (peut
être qu'une certaine collaboration fonctionnerait
ici. Les cargos brûlant du soufre pourraient aussi
répandre de la poudre de fer, combinant les propositions
de façon plus économique). Les navires
crachent de gros rubans de vapeur de soufre en haute
mer, où personne ne peut se plaindre, et des
couloirs de nuages se forment docilement derrière.
Il serait mieux d'utiliser ces nuages de soufre pour
augmenter les limites des régions couvertes de
nuages existantes, les faisant gonfler et augmentant
la durée de vie des nuages naturels. Les cargos
brûlant du soufre en continu suivraient les tendances
climatiques, guidés par des données météorologiques
fournies par des satellites.
On pourrait d'abord pratiquer des expérimentations
régionales, pour calculer un modèle correct
sur la façon dont le système nuageux des
océans répond. Cette méthode peu
sophistiquée coûterait environ 2 milliards
de $ par an, y compris l'amortissement des navires.
Le plus grand risque politique ici est la modification
du climat. La campagne augmenterait la quantité
de gouttelettes de soufre dans l'air d'environ 25%.
Ceci ne causerait probablement pas de problèmes,
la plus grande partie du soufre retombant en pluie dans
les océans, qui ont d'énormes capacités
de régulation. Garder les cargos à une
distance d'une semaine de déplacement des terres
nous sauverait probablement des gros titres effrayants
sur les pluies acides sur la tête des agriculteurs,
puisque 30% du soufre retomberait en pluie chaque jour.
Le chic de l'albédo
L'ANS (Académie Nationale des Sciences) a trouvé
que "peut être qu'une des surprises de cette
analyse est le coût relativement faible"
d'implémenter certains projets significatifs
de géoingénierie. Il y aurait juste besoin
de quelques milliards de $ pour atténuer les
émissions de dioxyde de carbone des États-Unis.
Comparé avec arrêter le brûlage du
charbon par le peuple Chinois, ce n'est rien.
Nous ne devrions pas considérer le rapport du
comité de 1992, chargé de notes de bas
de pages et de qualificatifs, comme une feuille de route
vers un futur bienheureux. Les estimations de l'ANS
sont simples, linéaires, et faites avec des paramètres
mal compris. Elles ignorent aussi beaucoup d'effets
secondaires. Par exemple, les forêts contribuent
à la formation des nuages au-dessus d'elles,
car la vapeur qu'elles dégagent se condense rapidement.
Ces charmantes boules de coton des cumulus réfléchissent
la lumière solaire. Faire pousser des arbres
pour absorber le dioxyde de carbone augmente donc aussi
l'albédo, une réaction positive supplémentaire.
Mais est ce la fin de la chaîne? Non, parce que
la vapeur d'eau est elle même un gaz à
effet de serre. Les nuages épais absorbent aussi
les infrarouges. Si les forêts respirent beaucoup,
elles peuvent en partie piéger leur propre chaleur.
Comprendre ceci, et le calculer en détails, prendra
une génération de recherches.
Mais peut être que la plus grande inconnue est
sociale: comment le public au courant des questions
politiques - ceux qui votent en tout cas - réagira-t-il?
Si les géoingénieurs sont décrits
dès le début et souvent comme des Dr Folamour
de l'air, ils échoueront. Dépeints correctement
comme des alliés de la science - et de vrais
environnementalistes - ils pourraient devenir des héros.
Ne pas laisser les écologistes radicaux fixer
les limites de la discussion sera crucial.
Un facteur majeur ici sera de savoir si l'atténuation
ressemble encore à un autre stratagème
directif, une autre série d'ordres de l'élite.
Policer de façon draconienne l'utilisation du
carburant ressemblera sûrement à ça,
un Père Fouettard renfrogné se battant
chaque jour pour des détails, calculant votre
coût de déplacement à votre travail
et réglant votre thermostat. Par contraste, l'atténuation
n'a pas à faire rentrer un surveillant dans nos
maisons. Des solutions techniques peuvent être
entreprises loin des gens, sur mer ou haut dans le ciel.
Mieux, une acceptation étendue des stratégies
d'atténuation pourrait amener à un chic
de l'albédo - exhibition ostentatoire de toits
blancs, look méditerranéen, voitures argentées,
retour des costumes couleur de crème glacée
dans les cercles de la mode. Le blanc pourrait être
approprié encore après la fête du
travail.
Plus sérieusement, chaque petite partie aiderait
en fait. Ceci est crucial: l'atténuation porte
le chapeau blanc. Elle demande des mesures simples et
claires de chacun, avant de se livrer à des interventions
à grande échelle. L'implication populaire
devrait être intégrale dès le départ.
Des efforts locaux devraient être faits en parallèle
à ceux au niveau de l'état, spécialement
car l'atténuation est liée profondément
à la diplomatie. Les apparences sont ici encore
plus critiques, étant donné le niveau
d'animosité entre les gros consommateurs (spécialement
les États-Unis) et le monde tropical.
Les solutions plausibles devraient rester dans les
limites sobres du comité de l'ANS. Apprendre
davantage est bien sur le premier pas crucial. Ce n'est
pas seulement l'appel académique habituel pour
plus de financement des recherches, personne ne veut
essayer des expérimentations globales au petit
bonheur.
Au delà des études et rapports supplémentaires,
nous devrons bientôt commencer à penser
à des expériences contrôlées.
Les scientifiques du climat ont jusqu'ici étudié
passivement, plutôt comme des astronomes. Ils
ont une tendance pour ce comportement, spécialement
parce que les changements perceptibles que nous avons
apporté à notre climat ont été
généralement pernicieux. Un tel état
mental change lentement. Les relents de prétention
démesurée en retiennent beaucoup. Mais
un temps viendra pour entreprendre plusieurs expérimentations
limitées, comme le déversement de fer.
Ce sera la seconde grande étape pour considérer
si nous devenons des géoingénieurs. Les
contraintes doivent être strictes pour assurer
des résultats clairs.
Plus important: les perturbations du climat doivent
être locales et réversibles - et pas simplement
pour apaiser les craintes environnementales. Seules
des expériences contrôlées, bien
conçues et bien analysées, seront convaincantes
pour les deux parties dans ce débat. En fait,
le sillage vert près des îles Galapagos
l'a montré. Ses grandes caractéristiques
ont été le mieux étudiées
par les satellites, qui ont nettement repéré
la grosse tache verte sur la mer bleue foncée.
Mais on s'est mal occupé de la question cruciale,
savoir si le carbone est resté bloqué
dans les eaux océaniques. Les satellites n'ont
été d'aucune aide. Un financement un peu
meilleur et plus de scientifiques, dispersés
en petites équipes, auraient pu nous en dire
beaucoup plus.
La modélisation minutieuse du climat doit être
faite en étroite collaboration avec chaque expérimentation.
Peu doutent que notre climat est unique en termes de
complexité. Alors que l'on fait beaucoup de cas
de notre cerveau merveilleux, peut être que l'entité
la plus complexe connue est notre biosphère,
dans laquelle nous ne sommes que de simples éphémères.
En l'absence d'une théorie vaguement utile de
la complexité des systèmes, nous devons
procéder avec précaution.
Alors que les études informatiques sont connues
pour révéler principalement ce que l'on
cherchait, confirmant les préjugés de
leurs programmeurs, les méthodes s'améliorent
rapidement. Elles peuvent explorer beaucoup de voies
différentes sur les expériences de géoingénierie
à faible échelle. Évoquer les modèles
informatiques comme outil de protection dans chaque
expérience apaisera les craintes, au moins parmi
ceux qui lisent entre les lignes.
Qui paye, en fin de compte? Les pressions politiques
pourraient bien contraindre les nations à se
conformer à certains buts visés. Un facteur
crucial sera le rapport à utiliser pour contrôler
la droiture d'un pays (ou d'une région): la consommation
nette de combustibles fossiles divisée par quoi?
La population? Ceci favorise les pays pauvres les plus
peuplés. La valeur économique créée
par les carburants? Ça se passerait assez bien
pour les États-Unis. Une moyenne pondérée
entre les deux?
Pour éviter de tomber dans le pur pouvoir politique
et de faire de la politique idiote en public, une Autorité
Mondiale sur le Réchauffement pourrait copier
nos méthodes naissantes de bons pour polluer,
faisant entrer en jeu quelques forces de marché.
Mais au lieu de simplement échanger nos droits
à brûler plus - un élément
négatif - on pourrait aussi bien utiliser une
unité d'atténuation positive. Les industries
les amassant, disons en payant pour des carburants pouvant
brûler riche, pourraient elles mêmes brûler
plus de pétrole. Un équilibre dynamique
dirigé par le marché pourrait alors minimiser
les coûts pour un but anti-réchauffement
donné.
De telles approches pourraient conduire à l'émergence
de groupes de méthodes parmi lesquelles les régions
pourraient choisir celles qui leur apportent le meilleur
avantage. Les déserts réfléchissent
bien la lumière (bien que les routes y sont habituellement
sombres), y ajouter une couverture nuageuse est globalement
moins efficace; l'effet des villes plus blanches pourrait
être mesuré par la diminution moyenne des
îlots de chaleur; les terres à forte pluviosité
pourraient favoriser la reforestation. Tout calcul politique
de ce genre devrait tourner autour des subtilités
des marchés et feront avancer les choses plus
rapidement et de façon plus ingénieuse
que n'importe quel comité. Des mandats rigides
échoueront inévitablement.
Cependant, passer du niveau local au niveau global
est lourd d'incertitudes - et certain d'inspirer beaucoup
d'anxiété. Nous serons toujours des intendants
ambivalents de la terre. Et les émissions de
gaz à effet de serre ne seront certainement pas
non plus notre dernier problème. Nous faisons
beaucoup de choses à notre environnement, et
on s'attend à ce que la population atteigne 10
milliards en 2050. Quand de nouvelles menaces émergeront
elles? Les catastrophes pourraient advenir à
un rythme de plus en plus rapide, naissant des nombreux
effets de synergie que nous devons pister à travers
le labyrinthe géophysique.
Quand nous commençons à corriger nos
affronts involontaires à la Terre Mère,
nous devons réaliser que c'est pour toujours.
Une fois que nous devenons des gardiens, nous ne pouvons
pas arrêter. La lourde tâche à laquelle
l'humanité est confrontée, spécialement
l'essor de la majorité vers un semblant de prospérité,
doit être poursuivie dans l'ombre de notre gestion.
Et cependant, même parmi les nations compétentes,
celles qui ont la prévoyance de se saisir des
solutions, une réticence bizarre imprègne
la classe politique. Comme le physicien de l'atmosphère
Ralph Cicerone l'a noté, "beaucoup de ceux
qui prévoient des problèmes environnementaux
prédisent la catastrophe et ont peu confiance
dans la technologie, ils proposent donc de fortes limitations
sur l'industrialisation, alors que les plus optimistes
refusent de croire qu'il y ait un quelconque problème
environnemental".
Ayant péché contre Mère Nature
involontairement, beaucoup sont très peu enthousiastes
pour intervenir délibérément. Sherwood
Rowland, chimiste à l'Université de Californie
d'Irvine, qui a prédit, avec Mario Molina, la
diminution de la couche d'ozone a déclaré:
"je suis définitivement opposé à
l'atténuation globale". Cela a apporté
un poids considérable à la cause de l'abstention.
À la base, de telles personnes voient l'humanité
comme étant le problème; seulement en
nous comportant humblement, en vivant délicatement
sur notre terre, pouvons nous nous racheter. Sur ce
point la plupart des scientifiques et théologiens
sont d'accord, du moins pour l'instant.
Le siècle prochain verra une bataille prolongée
entre les prophètes qui voudraient intervenir
et les moralistes qui voient toute action humaine à
grande échelle comme une souillure. Même
actuellement, beaucoup prétendent que rien que
de parler de géoingénierie encourage la
populace à plus d'excès, puisque les masses
penseront qu'une fois de plus la science a un remède
à portée de main.
Certains, cependant, diront tranquillement et de façon
persistance, et bien, peut être que la science
a un remède... |