Par Glenn Kessler et Jon Jeter
Washington Post - 5 septembre 2002
Le secrétaire d'état Colin L. Powell
a été constamment interrompu par du chahut
et des huées aujourd'hui alors qu'il défendait
le président Bush pour les aides apportées
aux pauvres et la protection de l'environnement durant
la dernière journée d'un sommet mondial
du développement qui a déçu beaucoup
d'activistes.
Des délégués de presque 200 pays
ont conclut les 10 jours du sommet mondial des Nations-Unies
sur le développement durable en approuvant un
accord de 70 pages traitant de sujets variant du soutien
aux pêcheries affaiblies à la promotion
de partenariats entre des sociétés et
des pays en voie de développement, pour fournir
de l'eau et de l'électricité aux pauvres.
L'accord final, destiné à s'assurer que
les promesses faites il y a 10 ans au Sommet de la Terre
de Rio de Janeiro sont tenues, prend peu d'engagements
fermes sur le financement ou le calendrier, et à
la session de clôture de ce soir plusieurs intervenants
se sont plaint que ça n'était pas suffisant
pour s'occuper du fléau mondial du SIDA, des
émissions des cheminées ou des bénéfices
inégaux du commerce global. Des environnementalistes
et des représentants de beaucoup de pays pauvres
ont prétendu que l'accord avait été
atténué par les délégués
états-uniens favorisant un programme bénéfique
aux entreprises.
Bush était un des rares principaux chefs d'état
à ne pas assister à la conférence,
et les États-Unis étaient largement considérés
comme l'obstacle majeur pour définir des objectifs
fermes sur des sujets tels que le renforcement de l'utilisation
de sources d'énergie renouvelable. "L'administration
Bush est déphasée à la fois sur
l'opinion publique nationale et internationale. C'était
très évident ici aujourd'hui", a
dit Paul Joffe, directeur des affaires internationales
pour la Fédération Nationale Wildlife.
Colin Powell, l'officiel états-unien le plus
important de la conférence, n'a prononcé
que quelques phrases de son discours de cinq minutes
avant d'être interrompu par des huées et
des chants "honte à Bush!". Les protestataires,
la plupart d'entre eux rassemblés à l'arrière
d'une salle remplie d'officiels gouvernementaux et de
délégués, ont aussi tenté
de déployer une bannière intitulée
"trompés par les gouvernements".
Les protestations ont commencé quand Powell
a mentionné la menace de famine dans le sud de
l'Afrique et désigné le Zimbabwe comme
rendant le problème pire par son "manque
de respect pour les droits de l'homme et les lois".
Les protestations ont continué quand Powell a
critiqué la Zambie, un autre pays du sud de l'Afrique
frappé par la faim, pour avoir refusé
les aides alimentaires sous la forme de maïs génétiquement
modifié, et quand il a établi un lien
entre le libre échange et le développement
et insisté sur le fait que les États-Unis
étaient engagés dans l'arrêt du
réchauffement global.
"Les États-Unis
sont engagés dans des actions pour satisfaire
les défis environnementaux, y compris le changement
climatique global, et pas seulement dans des
rhétoriques", a dit Powell alors que les
protestataires multipliaient les huées et que
la police en faisait sortir une douzaine. "Nous
sommes engagés dans un programme de plusieurs
milliards de dollars pour développer et déployer
des technologies de pointe pour atténuer l'effet
des gaz à effet de serre".
"Merci, je vous ai maintenant entendu, je vous
demande de m'écouter", a dit Powell aux
protestataires alors que le ministre des affaires étrangères
sud africain Nkosazana Dlamini-Zuma tapait de façon
répétée avec son marteau pour faire
taire la salle.
Par contraste, d'autres orateurs ont eu droit à
des applaudissements quand ils ont réaffirmé
leur engagement au protocole de Kyoto, le traité
de 1997 sur le réchauffement global que les États-Unis
ont rejeté l'année dernière.
Quelques intervenants ont exprimé des inquiétudes
sur le fait que les partenariats, ou la privatisation
des services publics, donnent trop d'autorité
aux sociétés et ont, dans certains cas,
fait augmenter le coût de l'eau et de l'électricité
au delà des moyens financiers des pauvres. Mais
un officiel haut placé du Département
d'État a déclaré que les partenariats
annoncés par les États-Unis avaient suscité
l'intérêt de plusieurs nations et organisations
non gouvernementales désireuses d'en savoir plus.
Kofi Annan, le secrétaire général
des Nations-Unies, a reconnu que les attentes de la
conférence étaient trop grandes et a averti
de ne pas espérer de "miracles dans des
conférences comme celle ci". Mais Hugo Chavez,
le président de gauche du Vénézuela,
a semblé refléter un sentiment plus répandu
parmi les délégués quand il a dit
que le sommet avait été en fait un "dialogue
de sourds" de 10 jours.
Richard Boucher, le porte parole du Département
d'État, a déclaré que Powell a
ignoré les protestations à son égard.
"Son commentaire a été que ce genre
de choses arrive", a dit Boucher.
Powell a déclaré aux journalistes: "les
activistes chahuteurs attirent toujours l'attention,
mais j'ai été plus impressionné
par la réaction de mes collègues ministres".
Powell est arrivé pendant un discours du ministre
palestinien de l'environnement, qui condamnait l'occupation
israélienne de la Cisjordanie sur des bases environnementales.
"Les israéliens ont tué 150000 oiseaux,
vaches et moutons. Des milliers de ruches occupées
ont été enterrées", a dit
Yousef Abu Safieh en arabe. Powell, discutant avec ses
assistants n'a pas mis son casque fournissant une traduction
du discours de Abu Safieh
En plus de son apparition de 10 minutes dans la salle
de conférence, Powell a tenu une demi douzaine
de réunions avec des officiels européens,
africains et asiatiques et a été l'hôte
d'évènements conçus pour servir
de vitrine à l'engagement états-unien
sur l'eau et les énergies renouvelables. Au collège
David's Marist, une école de garçon proche
utilisée par les officiels états-uniens
pour des séances d'entraînement sur le
développement durable pour les délégués
de la conférence, Powell a présidé
les annonces officielles d'initiatives états-uniennes,
incluant un effort commun avec le Japon pour fournir
de l'eau potable aux pays pauvres et un partenariat
avec six gouvernements africains, des pays européens
et des groupes de protection et d'exploitation forestière
pour protéger les grandes forêts tropicales
dans le bassin du Congo.
"Mon seul regret est que pendant ce voyage je
ne puisse pas visiter chaque pays du bassin du Congo",
a dit Powell, dont le voyage africain le conduit dans
trois pays en un peu plus de 48 heures. Jeudi, Powell
se rend en Angola puis au Gabon, où il a prévu
10 minutes pour marcher dans une forêt tropicale.
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