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Il a été suggéré que le
changement de climat induit par le CO2 anthropique pourrait
être contrebalancé par des projets de géoingénierie
conçus pour diminuer la radiation solaire incidente
à la surface de la terre. Bien que les
modèles spatiaux et temporels du forçage
radiatif par les gaz à effet de serre diffèrent
de ceux de la lumière solaire, il a été
montré dans une étude récente que
ces projets pourraient largement atténuer le
changement de climat saisonnier ou régional pour
un doublement de la quantité de CO2. Nous examinons
ici la capacité de la luminosité solaire
réduite d'annuler les effets du quadruplement
de CO2. En accord avec nos études précédentes,
les projets de géoingénierie pourraient
sensiblement diminuer le changement de climat saisonnier
et régional. Cependant, il y a certains changements
de climat résiduels: pour la géoingénierie
dans le cas d'un quadruplement du CO2, une diminution
significative de la température de surface et
du flux maritime se produit dans les tropiques; le réchauffement
aux hautes latitudes n'est pas complètement compensé;
l'effet de refroidissement des gaz à effet de
serre dans la stratosphère persiste et la banquise
n'est pas complètement rétablie. Cependant,
ces changements de climat résiduels sont beaucoup
plus faibles que ceux occasionnés par un quadruplement
de CO2 sans réduction du rayonnement solaire.
Il faut faire preuve de prudence dans l'interprétation
parce que ces résultats viennent d'un seul modèle
avec de nombreuses hypothèses simplificatrices.
Il y a aussi de nombreuses raisons techniques, environnementales
et politiques pour ne pas implémenter les projets
de géoingénierie.
Plusieurs projets ont été proposés
pour contrecarrer l'influence du réchauffement
dû à l'augmentation du CO2 atmosphérique
au moyen de manipulations intentionnelles de l'équilibre
radiatif de la terre (Budyko, 1977; Early, 1989; Seifritz,
1989; Académie Nationale des Sciences, 1992;
Watson et autres, 1995; Flannery et autres, 1997; Teller
et autres, 1997). Ces
projets de géoingénierie impliquent typiquement
le placement de réflecteurs ou éparpilleurs
dans la stratosphère ou en orbite entre la terre
et le soleil au point de Lagrange L1, diminuant
la quantité de lumière solaire incidente
sur la terre.
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Dans une étude récente (Govindasamy et
Caldeira, 2000), il a été montré
que les projets de géoingénierie qui réduisent
la radiation solaire incidente uniformément d'environ
1.8% pourraient largement réduire le changement
de climat moyen global et annuel pour un doublement
de CO2 par rapport aux niveaux pré-industriels.
Ils ont de plus montré qu'une
telle réduction de la luminosité solaire
compenserait également largement le changement
de climat régional et saisonnier.
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Il n'est pas sur que la réduction de la luminosité
solaire puisse efficacement annuler les effets d'une
plus grande augmentation de la quantité de CO2
atmosphérique.
En pratique, cette réduction de la radiation
solaire incidente sur la terre pourrait être apportée
par le placement de dispositifs réfléchissants
ou éparpillants entre la terre et le soleil (Early,
1989; Seifritz, 1989; Flannery et autres, 1997; Teller
et autres, 1997).
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La comparaison des résultats pour la température
de surface moyenne indique que la
géoingénierie peut largement compenser
l'impact d'une augmentation de la concentration de CO2.
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La comparaison des résultats pour la température
de surface en fonction de la latitude et de la saison
indique que la réduction
de la luminosité solaire peut largement compenser
l'impact d'une augmentation de la concentration de CO2.
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L'approche géoingénierie impliquant le
placement d'aérosols dans la stratosphère
(Flannery et autres 1997; Teller et autres, 1997) pourrait
avoir des effets négatifs additionnels sur la
chimie stratosphérique (Kinnison et autres, 1994).
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Il a été suggéré qu'un arrêt
de la circulation thermohaline de l'atlantique nord
pourrait être une conséquence de l'augmentation
de la température de surface et du flux maritime
dans les hautes latitudes induite par le CO2 (Manabe
et Stouffer, 1993, 1994; Rahmstorf, 1996, 2000). Nos
résultats suggèrent que la diminution
de la radiation solaire incidente sur la terre grâce
à la géoingénierie pourrait diminuer
les impacts de l'augmentation de CO2 dans ces deux cas,
rendant l'arrêt de la circulation thermohaline
de l'océan moins probable. De plus, la fonte
du Groenland et de la calotte glaciaire antarctique
et la montée du niveau de la mer qui en résulteraient
sont moins probables de se produire dans un monde avec
géoingénierie.
Cependant la réduction simulée des précipitations
dans les tropiques dans notre simulation de géoingénierie
pourrait avoir des conséquences pour l'agriculture
dans cette région. Les implications économiques
et environnementales de ce changement doivent être
abordées.
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Nos résultats suggèrent que la géoingénierie
peut être une stratégie prometteuse pour
contrebalancer le changement de climat, car il ne serait
peut être pas nécessaire de répliquer
exactement les modèles de forçage radiatif
dû aux gaz à effet de serre pour largement
supprimer leurs effets. Cependant, de subtils changements
dans la distribution de la lumière solaire associés
avec les cycles de Milankovitch (Imbrie et autres, 1984)
peuvent avoir produit de grands changements de climat
sur des périodes supérieures à
10000 ans, après que la circulation océanique
et la calotte glaciaire se soient ajustées au
nouveau climat légèrement modifié.
Donc, même si les
projets de géoingénierie pouvaient largement
compenser le changement de climat induit par le doublement
ou quadruplement de CO2 à court terme, il n'y
a aucune garantie que le climat à long terme
resterait relativement non affecté. Par
exemple l'assimilation de CO2 par la biosphère
augmentera pour des niveaux élevés de
CO2 atmosphérique, que nous implémentions
des projets de géoingénierie ou non.
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Les projets de géoingénierie imposent
une variété de défis technologiques,
environnementaux et économiques (Early, 1989;
Seifritz, 1989; Académie Nationale des Sciences,
1992; Watson et autres, 1995; Flannery et autres, 1997;
Teller et autres, 1997). Par exemple dans le cas du
placement de réflecteurs dans l'espace; puisqu'un
quadruplement du CO2 nécessite l'interception
d'environ 3.6% de la lumière solaire incidente
sur la terre, une surface
d'interception d'environ 4.6 x 10 puissance 6 Km2 ou
1200 Km de rayon doit être construite.
Pour contrebalancer un réchauffement temporaire,
la lumière solaire doit diminuer dans le temps
comme le taux de CO2 augmente. Si le CO2 augmente au
rythme actuel d'environ 0.4% par an (Houghton et autres,
1995), pour contrebalancer ce réchauffement nous
devrions construire environ 1.2 x 10 puissance 4 Km2
(62 Km de rayon) de surface interceptrice chaque année.
D'autres options impliquent également de grandes
difficultés. Placer de petites particules ou
des aérosols dans la stratosphère pourrait
résulter en une diminution de la radiation non
uniforme. Des miroirs dans l'orbite basse de la terre
amèneraient une oscillation de la lumière
solaire environ 4% du temps, et impliqueraient des problèmes
de positionnement pour que les miroirs n'entrent pas
en collision. Des réflecteurs ou des éparpilleurs
au point de Lagrange entre le soleil et la terre impliquent
de grandes dépenses.
L'échec d'un
système de géoingénierie pourrait
conduire à un réchauffement extrêmement
rapide de la terre. Les préoccupations
éthiques et politiques diffèrent si la
modification du climat à grande échelle
est intentionnelle (c.à d. avec la géoingénierie)
ou si elle est simplement une conséquence prévisible
de nos actions (c.à d. dûe à l'utilisation
de combustibles fossiles). Beaucoup de projets de géoingénierie
sont des solutions coopératives qui nécessitent
une gestion mondiale continue pendant plusieurs siècles.
Étant donné l'histoire de la non-coopération
à l'échelle globale rien qu'au 20°
siècle, il y a une très grande probabilité
de non-faisabilité de la géoingénierie
et de solutions coopératives (Schneider, 2001).
Étant donné ces difficultés, l'option
la plus prudente et la moins risquée de diminuer
le réchauffement global pourrait bien être
la réduction des émissions de gaz à
effet de serre (Hoffert et autres, 1998). Néanmoins,
il est utile d'étudier
les projets de géoingénierie qui pourraient
fournir des options dans le cas où les émissions
de gaz à effet de serre induisent une réponse
du climat réellement catastrophique.
Remerciements
Ce travail a été accompli sous les auspices
du département US de l'énergie par le
Lawrence Livermore National
Laboratory sous le contrat No. W-7405-Eng-48. |