Rapport de la Commission sur la Pollution Environnementale
Comité Consultatif Scientifique du Président
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Maison Blanche - Washington - 5
novembre 1965
Notre pays est une nation d'abondance. Mais la technologie
qui a permis notre richesse a rejeté de grandes
quantités de déchets et utilisé
des produits qui polluent notre air, empoisonnent notre
eau, et même affectent notre capacité à
nous nourrir. Au même moment, nous nous sommes
entassés dans des zones citadines denses où
la concentration des déchets intensifie le problème.
La pollution est maintenant un des plus envahissants
problèmes de notre société. Avec
l'augmentation de nos habitants, et avec notre urbanisation
et industrialisation grandissantes, le flux de polluants
dans notre air, notre sol et notre eau est en augmentation.
Cette augmentation est si rapide que nos efforts actuels
pour administrer la pollution sont à peine suffisants
pour se maintenir à l'équilibre, certainement
insuffisants pour réaliser les améliorations
qui sont nécessaires.
Considérant les défis grandissants de
la pollution, alors que notre population augmente et
que nos vies deviennent plus urbanisées et industrialisées,
nous aurons besoin de plus de recherche fondamentale
dans une variété de domaines spécifiques,
incluant la pollution du sol et les effets des polluants
de l'air sur l'homme. Nous devons donner la plus haute
priorité à l'augmentation du nombre et
de la qualité des scientifiques et ingénieurs
travaillant sur des problèmes en relation avec
le contrôle et l'administration de la pollution.
Je demande aux Ministères et Agences appropriés
de considérer les recommandations et de me rapporter
les façons dont nous pouvons avancer et faire
face aux problèmes cités dans ce rapport.
À cause de son intérêt général,
je communique ce rapport pour publication.
Lyndon B. Johnson
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Conclusions et découvertes
Par sa civilisation industrielle mondiale, l'humanité
conduit involontairement une vaste expérience
géophysique. En l'espace de quelques générations
elle a brûlé les combustibles fossiles
qui se sont lentement accumulés dans la terre
au cours des derniers 500 millions d'années.
Le CO2 produit par cette combustion est injecté
dans l'atmosphère; environ la moitié reste
là. Les réserves récupérables
estimées de combustibles fossiles sont suffisantes
pour produire une augmentation de presque 200% du dioxyde
de carbone dans l'atmosphère.
En l'an 2000, l'augmentation du CO2 atmosphérique
sera proche de 25%. Ceci pourrait être suffisant
pour produire des changements du climat mesurables et
peut être prononcés, et causera certainement
des changements de température et d'autres propriétés
de l'atmosphère. À présent il est
impossible de prédire ces effets quantitativement,
mais des progrès récents dans la modélisation
mathématique de l'atmosphère, en utilisant
des ordinateurs puissants, pourraient permettre des
prédictions utiles dans les 2 ou 3 prochaines
années.
De telles prédictions devront être vérifiées
par des mesures minutieuses: une série de mesures
précises du contenu en CO2 de l'atmosphère
devrait être poursuivie par le Bureau Météorologique
US et ses collaborateurs, au moins durant plusieurs
décennies à venir; des études des
processus océaniques et biologiques par lesquels
le CO2 est enlevé et ajouté dans l'atmosphère
devraient être étendues et intensifiées;
les températures à différentes
hauteurs dans la stratosphère devraient être
surveillées au niveau mondial.
Les changements climatiques qui pourraient être
produits par l'augmentation du contenu en CO2 pourraient
être nuisibles pour l'être humain. Les possibilités
d'apporter délibérément des changements
climatiques compensatoires doivent donc être minutieusement
explorées. Un changement de l'équilibre
radiatif dans la direction opposée à celle
qui pourrait résulter de l'augmentation du CO2
atmosphérique pourrait être produit en
augmentant l'albedo, ou réflectivité,
de la terre. Un tel changement
d'albedo pourrait être provoqué par exemple
en répandant de très petites particules
réfléchissantes au-dessus de larges zones
océaniques. Les particules devraient rester
suffisamment en suspension pour qu'elles puissent rester
proches de la surface de l'eau et elles devraient avoir
une forte réflectivité, afin que même
une couverture partielle de la surface soit adéquate
pour produire un changement marqué de la quantité
de lumière solaire réfléchie. Des
estimations sommaires indiquent que suffisamment de
particules pour couvrir partiellement un mile carré
pourraient être produites pour peut être
100 dollars. Donc un
changement de 1% de la réflectivité pourrait
être obtenu pour environ 500 millions de dollars
par an, particulièrement si les particules
réfléchissantes étaient répandues
aux basses latitudes, où les radiations sont
concentrées. Considérant l'extraordinaire
importance économique et humaine du climat, des
coûts de cette magnitude ne semblent pas excessifs.
Un développement précoce de la technologie
nécessaire pourrait avoir d'autres usages, par
exemple inhiber la formation des ouragans dans les zones
tropicales océaniques.
D'après Manabe et Strickler (1964), l'absorption
et la re-radiation des infrarouges par des cirrus à
haute altitude (au-dessus de 9000 mètres) tendent
à chauffer l'atmosphère près de
la surface de la terre. Dans certaines circonstances;
l'injection de condensation ou de noyaux congelés
cause la formation de cirrus aux hautes altitudes. Cette
méthode potentielle de produire des changements
climatiques doit être examinée comme outil
possible pour modifier la circulation atmosphérique
de façon à contrebalancer les effets de
l'augmentation du dioxyde de carbone atmosphérique. |